Jeune femme en état de mort cérébrale à Marseille: "Elle saignait de partout", témoigne un voisin

Une jeune femme de 24 ans, qui a été atteinte dimanche soir chez elle par des tirs de kalachnikov (qui visaient vraisemblablement un point de trafic de stupéfiants à Marseille), est en état de mort cérébrale, a annoncé lundi la procureure de Marseille.
La victime, qui vivait "sa vie tranquillement" avec sa mère au 3e étage d'un immeuble d'une cité du 10e arrondissement avait été "transférée dans un état très grave à l'hôpital avec un pronostic vital engagé", a expliqué Dominique Laurens lors d'un point presse.
"Une mare de sang"
Dimanche 10 septembre, vers 23h, des tirs ont eu lieu dans un premier temps au niveau de la pharmacie d'un groupe d'immeubles de Saint-Thys, classé quartier prioritaire, près de laquelle il est "habituel" que des jeunes se regroupent le soir et où "se situerait un point de revente de stupéfiants", rapporte la procureure.
Après ce premier tir à l'aveugle, un 2e en l'air a impacté l'appartement de la victime ainsi que deux autres appartements, où se trouvaient deux dames âgées de 79 et 86 ans qui n'ont pas été blessées. Un des habitants de cet immeuble, un jeune homme de 17 ans, témoigne, sous le choc au micro de RMC.
“J’étais dans la cuisine quand j’ai entendu les tirs. Je suis parti regarder à la fenêtre et j’ai vu deux hommes avec une kalash”, relate-t-il.
L'état de choc dans la cité
Quelques secondes après les tirs, la mère de la victime hurle et implore d’appeler les pompiers. “J’ai vu le corps dans une mare de sang, c’était horrible. Elle s’est prise une balle dans la bouche, elle saignait de partout. Elle était inconsciente. Les pompiers m’ont demandé de faire un massage cardiaque le temps d’arriver”, poursuit celui qui n’a pu fermer l’oeil de la nuit après le drame.
“Elle s’est prise une balle perdue. Ça aurait pu être moi ou ma mère, n’importe qui. Je ne suis pas serein désormais. Je la connaissais depuis tout petit cette dame. Et de savoir qu’elle a perdu la vie comme ça, sans raison, ça me choque. Elle n'avait rien demandé”.
L’état de choc, donc, dans cette cité de 600 habitants jusqu’ici préservée de l’extrême violence, même si un réseau de trafiquants s’y est installé depuis quelques mois, comme le déplore aujourd’hui cette mère de famille: "On disait à nos enfants de pas rester tard dehors. Maintenant qu’est-ce qu’on doit faire? Les enfermer à la maison et ramper dans l’appartement?"
"Il faut faire quelque chose à Saint Thys, car on était bien. Il ne faut pas laisser les dealers ici, il faut les embarquer”, s'insurge-t-elle. Selon cette maman, les habitants avaient déjà tiré la sonnette d’alarme au début de l’été en réclamant davantage de présence policière…
Une enquête ouverte
Au total, vingt-trois douilles de kalachnikov ont été retrouvées sur place. Le parquet a confié l'enquête à la police judiciaire, pour les chefs de "tentatives d'assassinats en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la commission d'un crime". Même si cette jeune femme "apparait comme une victime collatérale, l'intention de l'homicide prémédité est caractérisée par le passage à l'acte", pour la procureure.
Depuis le début de l'année, une quarantaine de personnes ont été tuées dans des violences liées au narcobanditisme à Marseille, une situation qualifiée de "bain de sang" par les autorités. En 2023, ces violences ont déjà fait deux victimes collatérales, le 10 mai une femme de 43 ans tuée par balles cité Saint-Joseph (14e arrondissement), et le 24 avril, un homme de 63 ans, atteint à un snack situé à côté d'un point de deal de la cité de la Busserine (14e arrondissement) alors qu'il jouait aux cartes.