Procès de l’attentat de Magnanville: “le terroriste était serein, cynique”, témoigne un policier

Avant de diffuser la vidéo de revendication de l’attentat, le président se livre à une nouvelle mise en garde ce lundi 2 octobre. Le visage de Larossi Abballa apparaît sur les trois écrans de la salle d’audience en gros plan en contre-plongée. Pendant 12 minutes, le terroriste s’adresse à ce qu’il appelle “la communauté Musulmane”, qu’il exhorte à frapper les mécréants: “faites trembler la France et leurs âmes”.
Il lit un texte, cite le prophète, mélange le français et l’arabe et cible surveillants pénitentiaires, policiers et journalistes. Et puis, il semble improviser: “Derrière moi, il y a le petit, je ne sais pas ce que je vais faire de lui”. On voit l’image furtive d’un enfant au pied du canapé.
Le terroriste sourit. “On vous réserve d’autres surprises. J’ai été impitoyable avec ce policier et sa femme”. Quand la vidéo s’arrête, le silence pesant s’est installé dans la salle.
Des témoignages glaçants
Dans la matinée, la cour a entendu les premiers témoins de l’attentat, ceux qui ont tenté de porter secours à Jean-Baptiste Salvaing, assassiné de plusieurs coups de couteau alors qu’il s’apprêtait à rentrer chez lui.
“J’ai essayé de lui parler très fort pendant qu’un de mes collègues lui faisait un massage cardiaque”, explique le premier témoin.
Le 13 juin 2016, il pratiquait le jujitsu dans un dojo face au domicile de Jessica Schneider et Jean-Baptiste Salvaing, quand une femme est venue les appeler au secours. Le policier était allongé en sang en plein milieu de la route, agonisant.
“Il y avait aussi un jeune homme qui se fâchait au téléphone”, se rappelle le judoka. “Il était en train de crier sur les forces de l’ordre”.
Il s’agit du jeune voisin du couple de policiers, le premier à avoir prévenu la police. Ce lundi 2 octobre 2023, il est assis à la barre quand la cour d’assises spéciale diffuse son appel au 17, “pour qu’ils viennent plus vite, j’ai dit qu’il avait été blessé par balles”.
"On pensait avant tout au petit garçon"
Le dernier témoin ce lundi matin, le commissaire Eric Gigou, était commandant adjoint du Raid. Avec la voix enrouée, visiblement ému, il retrace l’opération qu’il a menée pour neutraliser le terroriste. Arrivé sur place à 21h42, il était prêt à intervenir quand l’auteur a réclamé un négociateur.
“Il était serein, calme, cynique. Il nous a dit qu’il n’était pas là par hasard, qu’il avait prêté allégeance à l’EI (État Islamique). Il disait avoir répondu à l’appel à tuer dès mécréants chez eux avec leur famille”.
À deux reprises, le terroriste souhaite savoir dans quel état se trouve Jean-Baptiste Salvaing.
“On ne répond pas, précise Eric Guegou, on dit qu’il est hospitalisé, on ne veut pas le faire basculer. Il dit qu’il veut tout faire sauter et profère des menaces sur d’autres actions autour du pavillon. On pensait avant tout au petit garçon”.
Une fois le terroriste neutralisé par le Raid, c’est un ami de Jean-Baptiste Salvaing, surnommé Canard, qui vient chercher le petit garçon dans la maison.