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Trafic de drogue: "La répression n'a jamais marché, la guerre n'est pas gagnable" assure Jérôme Pierrat

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Malgré les annonces de Gérald Darmanin, la guerre contre la drogue n'est "pas gagnable" assure ce vendredi sur RMC et BFMTV Jérôme Pierrat, spécialiste du grand banditisme. Et pour lutter efficacement, il faudrait miser sur la police judiciaire juge le journaliste mais cet investissement n'aurait aucun crédit politique pour le ministre de l'Intérieur et les autorités.

C'est pour lui la bonne nouvelle du début d'année. A Marseille, en proie au trafic de drogue depuis plusieurs années, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin s'est félicité mercredi de la fermeture de 40% de points de deal dans les Bouches-du-Rhône.

"C'est de l'ordre public, c'est bien pour les populations qui vivent à proximité, c'est efficace", note ce vendredi sur RMC et BFMTV Jérôme Pierrat, journaliste spécialiste du grand banditisme, qui estime toutefois que ces opérations ne permettent pas d'endiguer le trafic et ne sont que des opérations de communication.

"Est-ce que la consommation de stupéfiants a baissé? Est-ce qu'on trouve moins facilement de drogue à Marseille? La réponse est non. Le produit est toujours aussi facilement accessible et au même prix", tempère-t-il.

"Effet d'annonce"

Pour lui, la communication du gouvernement sur ces fermetures de points de deal n'est qu'"un effet d'annonce". Car la guerre contre la drogue est "ingagnable", déplore-t-il. "Les policiers des stupéfiants l'assurent en 'off', ils ne sont pas là pour endiguer le trafic, mais pour le contrôler en partie, qu'il fasse le moins de vagues possible".

"La guerre n'est pas gagnable. La répression n'a jamais marché dans l'histoire de l'humanité. Dans aucun pays. La consommation de drogue augmente, il n'y aucune baisse de vente", constate Jérôme Pierrat.
Face à Face : Jérôme Pierrat - 05/01
Face à Face : Jérôme Pierrat - 05/01
22:09

La police judiciaire "grande absente du discours de Gérald Darmanin"

Pour agir plus efficacement contre le trafic de drogue, il estime qu'il faut mettre l'accent sur la police judiciaire, "grande absente du discours de Gérald Darmanin".

"Il faut des enquêtes efficaces pour démanteler des réseaux et des filières à l'étranger. Mais ça demande des moyens et de l'argent. Mais c'est invisible pour le pouvoir, ce n'est pas politique. Ce sont des enquêtes longues pas très flamboyantes, qui n'ont pas de rapport avec l'actualité et le temps politique", explique le spécialiste.

Même l'arrestation fin décembre en Espagne d'un membre de la DZ Mafia, l'un des clans qui tente de contrôler le trafic de drogue à Marseille, est un effet de communication: "Ce n'est pas un 'boss', c'est un des types mis en examen dans le cadre d'une affaire d'assassinat. C'est bien mais ça ne va pas désorganiser la chose", déplore-t-il.

"Uber shit", la "solution" aux maux du trafic?

Et après s'être félicité du démantèlement des points de deal, Gérald Darmanin veut désormais mettre l'accent sur la lutte contre les "Uber shit", la livraison de drogue à domicile. "Cela fait des années que cela existe. Le ministre de l'Intérieur anticipe la critique en raison de la fermeture des points de deal", estime Jérôme Pierrat. "Contrôler les scooters, c'est la même réponse que pilonner les points de deal. Vous allez arrêter un livreur avec quelques grammes sur lui, vous n'allez rien endiguer".

"Il vaut mieux peut-être laisser les livraisons à scooter à domicile, avec moins de conflits, de fusillade et sans quartier pris en otage", juge Jérôme Pierrat.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC