Féminicide de Nathalie Debaillie: ses proches attendent "des excuses publiques" de l'État

"Ma soeur avait peur. Elle était traquée." Le frère de Nathalie Debaillie, tuée par son ex-compagnon, en mai 2019, et ses proches poursuivent l'État français pour "faute lourde". Le procès débute ce mercredi au tribunal judiciaire de Paris.
Depuis six ans, Nicolas essaie de comprendre pourquoi les appels au secours de sa soeur, Nathalie, n'ont pas été pris au sérieux par les autorités, seulement quelques mois avant d'être assassinée. "Elle se savait en danger de mort, elle s'est présenté quatre fois dans le même commissariat. Trois mains courantes et une plainte", assure-t-il. Pourtant, cela n'a eu aucun effet.
"Force est de constater qu'ils ont refusé de la protéger parce qu'elle devrait toujours être là aujourd'hui", déplore Nicolas.
"Dire à l'État qu'il n'est pas à la hauteur"
Si son assassin a déjà été condamné à 30 ans de prison l'année dernière, les proches de Nathalie se battent aujourd'hui pour que la responsabilité et les manquements de l'État soient eux aussi reconnus. Plus qu'une condamnation, Nicolas réclame que la France reconnaisse publiqement qu'elle n'a pas su protéger sa soeur. Il souhaite "un aveu de dysfonctionnement et des excuses publiques".
"C'est indispensable pour nous, pour notre reconstruction", insiste-t-il.
Cet aveu de dysfonctionnement de l'État français pourrait mener à une prise de conscience essentielle estime son avocate Me Isabelle Steyer: "C'est une façon de dire à l'État qu'il n'est pas à la hauteur avec les femmes de son pays. Aujourd'hui, encore une femme sur deux victime de féminicide a déposé plainte. Cela n'est pas tolérable."
Depuis le meurtre de Nathalie Debaillie, seuls deux policiers qui avaient enregistrés ses plaintes et mains courantes ont reçu un blâme et un avertissement, soit les sanctions les plus faibles.