Forces de l'ordre applaudies le 11 janvier: "Une semaine après, on nous jetait des cailloux"

Des policiers lors de la manifestation du 11 janvier 2015. - AFP
Les forces de l'ordre sont ce jeudi à l'honneur des commémorations des attentats de janvier dernier. Il y a un an les policiers de la Bac étaient les premiers sur les lieux après l'attaque de Charlie. Les interventions du Raid avaient ensuite permis de tuer les frères Kouachi et de mettre un terme à la prise d'otages de l'Hyper Cacher, le 9 janvier. Les forces de l'ordre sont également engagées dans le plan Vigipirate, activé après les attaques de janvier 2015, et ont été en première ligne lors des attentats du 13 novembre.
Autant d'événements qui ont eu de nombreuses conséquences pour les forces de l'ordre. Notamment celle de les rapprocher de la population, du moins les jours qui ont suivi. Des CRS avaient même été applaudis lors de la grande marche républicaine le 11 janvier à Paris. Pour certains, les marques de reconnaissance ont même été plus prononcées. Ainsi, Steeve, grand CRS antillais, a été embrassé, sous l'œil des caméras, par un manifestant.
"J'ai senti de l'affection pour la police"
Un an après, celui qui se fait désormais appeler "Big Bisous" par ses collègues, raconte: "Le monsieur est venu vers moi. Il a voulu me faire un bisou. Je l'ai gentiment repoussé mais il a insisté donc je me suis laissé faire et c'était parti". L'image est devenue un symbole: celui du rapprochement de la population avec les forces de l'ordre. "Les gens venaient nous serrer la main, nous dire merci, se souvient-il. A ce moment-là, j'ai senti de l'affection pour la police".
A d'autres policiers, on a apporté des boissons pendant les gardes statiques devant les écoles ou les synagogues, mais d'une façon générale les mauvaises habitudes sont vites revenues. "Cela a duré à peine une semaine. Tout de suite après, les gens nous jetaient des cailloux, confirme Steeve. Il y a toujours ce petit truc de méfiance envers la police".
"Franchement, c'est vexant"
Si "Big Bisous" ne se faisait pas d'illusion, optimiste, il veut tout de même voir le bon côté des choses. "Cela a rapproché la population de la police car cela a permis de montrer que notre boulot n'est pas facile, que chaque jour on risque notre vie, estime-t-il. Cela a eu du bon". "On a senti une différence entre l'avant et l'après Charlie, corrobore, Fredy Caro délégué Unsa Police pour les CRS. On aurait eu envie que cela continue mais l'émotion part assez rapidement".
Et de donner un exemple: "Pendant un petit mois, il nous était très facile de demander aux gens d'ouvrir leurs sacs. Mais avec le temps, ils ont commencé à être moins coopérants. Ils nous jettent certaines petites phrases du genre: 'Au lieu de nous contrôler, vous feriez mieux d'arrêter les terroristes'. Et franchement, c'est vexant car l'ensemble des manœuvres que nous exécutons ont pour but d'assurer la sécurité de tout le monde".