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"On veut vraiment qu'ils soient punis": des victimes d'accidents de la route réclament plus de fermeté

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La question des sanctions pour les conducteurs sous l'emprise d'alcool et/ou de stupéfiants et à l'origine d'accidents, est de nouveau relancée après les drames observés ces derniers jours à Trappes, Vienne ou encore dans le Nord avec le décès de trois policiers du commissariat de Roubaix.

Roubaix (Nord), Trappes (Yvelines) mais également ce policier fauché à Vienne (Isère)... Et à chaque fois, des conducteurs qui avaient consommé de l'alcool ou chez qui des traces de stupéfiants ont été retrouvées. Gérald Darmanin a confirmé sa volonté, ce mercredi, de mettre en œuvre le retrait des 12 points du permis pour les chauffards dans des accidents liés à la drogue ou à l'alcool. Des pistes qui avaient déjà été annoncées après l'accident de la route impliquant Pierre Palmade.

"Une vie brisée"

Ces nouveaux drames font, sans cesse, revivre le même cauchemar aux familles de victimes touchées par de tels accidents. Alors, notamment depuis la mort des trois policiers de Roubaix, la question de la fermeté de la justice envers les automobilistes causant des accidents de la route sous l'emprise d'alcool et/ou de stupéfiants revient dans les têtes des personnes impactées par ce type de drame.

C'est par exemple le cas de Patricia, une mère de famille qui a perdu sa fille Cassandre, à l'âge de 23 ans seulement. La jeune femme, en août 2019, a malheureusement péri dans un accident de la route où un chauffard roulait à contre-sens. L'homme conduisait en état d'ivresse, avec deux grammes d'alcool dans le sang, et avait reçu un dépistage positif aux stupéfiants.

"Il a franchi la ligne blanche, et est venu taper de plein fouet (le véhicule de Cassandre). Le choc a été d'une extrême violence", raconte la mère de famille. "Nous n'avons plus que les photos de famille à regarder, voilà une vie brisée", se désole-t-elle.

Par la suite, l'auteur des faits a été condamné à une peine de deux ans de prison. Une peine considérée comme légère par la mère de Cassandre, qui décrit une "incompréhension totale" à l'annonce de la décision de justice.

"On parle de dix ans d'emprisonnement quand il y a des circonstances aggravantes, mais ils ne les font pas. Les choses ne bougent pas, et on veut vraiment qu'ils soient punis", revendique Patricia, la mère de Cassandre, décédée dans un accident de la route.

En France, la moyenne des condamnations pour ce type d'acte s'élève justement à deux ans de prison. Cédric, fauché il y a 18 ans et handicapé à 80% à cause de cet accident, explique ne pas trouver les sanctions suffisantes, "parce que j'ai toute ma vie qui a été foutue en l'air en une fraction de seconde".

Un nouveau délit d'homicide routier?

Aujourd'hui, les décès causés par des conducteurs sous l'emprise de drogue ou d'alcool relèvent aux yeux de la justice, de la qualification d'homicide involontaire. C'est en ce sens que Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, avait annoncé vouloir créer le délit d'homicide routier. Une mesure symbolique, mais dont la mise en place doit être accélérée, réclame le collectif Justice pour les victimes de la route.

"Pour une famille, contre celui qui a tué son enfant ou son époux avec des circonstances aggravantes, l'homicide involontaire est 'inentendable'. Il faut que les victimes reviennent au centre", explique Catherine Bourgoin, présidente du collectif Justice pour les victimes de la route.

Pour mettre la pression au gouvernement, elle organise une marche à Paris le 3 juin prochain.

Selon l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, "la conduite en état d'ivresse est la deuxième cause de mortalité sur les routes, après la vitesse". Dans "les accidents mortels, 12% des conducteurs contrôlés sont positifs aux stupéfiants". Ces derniers sont en grande majorité des hommes (91%), âgés de 18 à 34 ans (61%).

AL avec Martin Cadoret