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Police-Justice

"Il y a de la colère": à Caen, les agents pénitentiaires restent mobilisés

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La colère est toujours vive dans les prisons françaises, après l'attaque du convoi pénitentiaire qui a fait deux morts et trois blessés dans l'Eure ce mardi. Alors que Mohamed Amra et ses complices courent toujours, l'opération "prisons mortes" se poursuit.

Pas d'accalmie devant les prisons. Les agents pénitentiaires ont décidé de poursuivre le mouvement de grève débuté après la mort de deux collègues lors de l’attaque d’un fourgon dans l’Eure, ce mardi. À Caen, où étaient basées les victimes, les agents des deux établissements pénitentiaires restent mobilisés ce vendredi. Ils sont des dizaines derrière les palettes en flammes devant la prison de Caen-Ifs, dont ils filtrent l'entrée. Ici, les agents sont nombreux à connaître les victimes. Alors, l'heure est au recueillement, explique Loïc Boyer, de Force Ouvrière, et pas au retour à la normale.

“C’est des copains, des amis. Ici, il n’y a pas d'étiquette syndicale. On est tous surveillants. Il y a de la colère, de la tristesse, de l'appréhension. C’est important pour nous de continuer”, assure-t-il.

Dans l'autre prison de Caen, où travaillaient les cinq agents attaqués, un feu brûle aussi. “Symboliquement, il veut dire 'stop', il veut dire 'refaisons la pénitentiaire'”, indique Olivier Duval, surveillant et syndiqué CGT. “On était jusqu’à présent dans l’émotion. On y est toujours, mais on commence à entrer dans une colère. Le projet n’est pas du tout abouti”, assure-t-il.

Des annonces concrètes attendues

Le projet, c'est celui qu'Eric Dupond-Moretti a proposé ce jeudi à l'intersyndicale, qui attendait des mesures concrètes, notamment sur la sécurité des agents. Il y aura bien un avant et un après ce drame, estime Bruno Brasme, secrétaire régional Ufap-Unsa.

“On est tous en souffrance. On ne peut pas accepter d’avoir des missions de partir le matin et de se dire que le soir, on ne va pas rentrer. On est là pour faire un métier, parce qu’on aime notre métier, mais pas pour se faire tuer”, insiste-t-il.

Les syndicats demandent notamment une revalorisation des escortes, plus d'armement et un recours plus systématique à la visioconférence, pour limiter les transferts.

Lucile Pascanet avec Guillaume Descours