RMC
Police-Justice

Opération "prisons mortes": les magistrats craignent un embouteillage et des remises en liberté

placeholder video
Après l'attaque d'un fourgon pénitentiaire mardi dans l'Eure qui a entraîné la mort de deux agents, l'intersyndicale de l'administration pénitentiaire a appelé à continuer l'opération "prisons mortes" ce vendredi. Une grève qui n'est pas sans conséquence, notamment dans les juridictions avec des procès qui ne peuvent pas avoir lieu.

L'intersyndicale des agents pénitentiaires s'est entendue, ce vendredi encore, sur une poursuite de la grève dans les prisons françaises. Les réponses du gouvernement aux revendications comportent selon elle "trop de conditionnel". Les syndicalistes attendent un accord écrit, notamment sur l'amélioration de la sécurité lors des transferts de détenus, avant de lever les blocages.

Ils ont formulé ce jeudi dix contre-propositions au ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti. Et conséquence de cette grève, les juridictions sont à l'arrêt. Car qui dit grève des agents pénitentiaires, dit aucun transfert de détenus. Et sans détenus, les procès sont renvoyés à plus tard. Exemple à Aix-en-Provence, où le procès du gang corse de la Brise de mer a été suspendu jusqu'à mardi.

Les auditions par visioconférence, une solution?

Premier risque donc, un embouteillage dans les juridictions et notamment dans les grandes villes où des procès d'assises ont lieu tous les jours. Autre risque, la libération de certains mis en cause, comme l'explique Ludovic Friat, président de l'union syndicale des magistrats.

“Ce ne sera pas possible de prolonger la détention provisoire parce qu’on sera arrivé au bout du bout de la détention provisoire possible. Donc ça veut dire que ce mouvement peut avoir pour conséquence des remises en libertés, faute de pouvoir juger les gens dans le temps de la détention provisoire”, explique-t-il.

Alors certes, le code pénal prévoit la possibilité d'entendre des accusés par visioconférence, mais un prévenu et son avocat doivent d'abord accepter ce principe, ce qui est rarement le cas. Les magistrats sont compréhensifs face à cette grève dans ce contexte dramatique après la mort de deux agents pénitentiaire dans l’attaque d’un fourgon mardi dans l’Eure, mais ils s'inquiètent pour autant de sa durée.

Inès Zeghloul avec Guillaume Descours