"Je ne contrôle plus personne": par peur d'être accusé à tort, ce policier envisage de démissionner
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin rencontre ce vendredi à tour de rôle les représentants des policiers et des gendarmes. Objectif, désamorcer la grogne des forces de l'ordre révoltées après les propos d'Emmanuel Macron sur les contrôles au faciès et les violences policières. Des actions se sont multipliées ces derniers jours partout en France et des syndicats ont annoncé qu'ils allaient boycotter le "Beauvau de la sécurité" cette concertation sur la police prévue pour janvier prochain.
Les policiers s'estiment mis au pilori notamment après l’affaire Zecler, ce producteur de musique violemment frappé par des policiers ou encore après les nombreuses manifestations où leurs interventions sont remises en cause. Aujourd'hui certains d'entre eux sont au bout du rouleau.
C'est le cas de Julien, policier depuis plus de 20 ans dans le centre de la France, catégorique au sujet de la situation: "C'est la période la plus difficile pour la police que j'ai pu connaître". Il se sent accusé de racisme, de violences, lâché par les politiques. Conséquence, il déprime:
"En ce moment on ne peut pas dire que ça aille bien. Quand je vois comment les gens réagissent et tous ces groupes anti-police qui se font entendre partout et que personne ne contre. On accuse la police d'être raciste et violente. En entrant dans la police, mon but c'était de protéger et d'aider les gens. Je l'ai fait beaucoup. Je me suis mis en danger pour les gens, j'ai été blessé plusieurs fois dans le cadre de mon travail. Je commence à perdre cette fougue".
"Je ne veux pas être pris pour un délinquant ou quelqu'un de mauvais"
Il n’a plus cette fougue mais il a aussi peur, que chacune de ses interventions tourne mal, qu’il soit à son tour accusé d’être violent… Alors il a pris une décision drastique:
"En ce moment, je ne contrôle plus personne à moins qu'il y ait un motif. Je ne fais plus de contrôle préventif, ce n'est plus possible, c'est trop compliqué. Si jamais on contrôle des individus et qu'ils ne se laissent pas contrôler, même si on avait un motif à la base, on se retrouve dans une situation très délicate. Moi je n'ai pas envie d'être pris pour un délinquant. Je suis un policier et je suis là pour aider les gens et être au service du public. Je ne veux pas être pris pour un délinquant ou quelqu'un de mauvais".
Julien assure aimer son métier mais il confie penser de plus en plus à démissionner.