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"Je veux mourir innocent": le SMS en pleine nuit de l'anesthésiste Frédéric Péchier avant sa tentative de suicide

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DOCUMENT RMC  - Après la tentative de suicide de son frère, la sœur de Frédéric Péchier, anesthésiste mis en examen pour 24 empoisonnements dont 9 mortels et qui clame son innocence, a pris la parole pour la première fois sur RMC.

C'était bien un appel à l'aide. Mis en examen pour 24 empoisonnements dont 9 mortels dans des cliniques de Besançon entre 2008 et 2017, l'anesthésiste Frédéric Péchier a tenté de mettre fin à ses jours jeudi dernier et se trouve aujourd'hui dans un état grave.

Mercredi, sa sœur Julie évoque sur RMC la descente aux enfers de son frère et l'inaction de la justice. Depuis sa mise en examen en 2019, elle a vu son frère baisser les bras. Placé sous contrôle judiciaire strict et considéré par la justice comme le dénominateur commun à ces incidents graves, Frédéric Péchier qui a toujours clamé son innocence, s'est jeté du premier étage de la maison familiale près de Poitiers.

Julie décrit un quotidien difficile depuis sa mise en examen et dans l'attente de son procès: "Depuis deux ans, il vit coupé de sa famille et de ses amis. Il vit enfermé dans sa chambre. Ces derniers mois, on l'a vu plonger avec des périodes d'alcoolisation importantes et de plus en plus régulières", assure-t-elle.

"Je le vois tous les soirs, j'essaye de le rassurer, je garde mon téléphone toujours à proximité la nuit parce que la nuit, c'est des moments très angoissants pour lui, mais je ne sais plus quoi lui dire".

Voici par exemple le message que le médecin a laissé à sa mère, en pleine nuit, 10 jours avant de tenter de se suicider, et que RMC vous révèle: 

"Tu ne comprends pas à quel point je souffre. Je veux mourir innocent. C'est important pour moi. Je veux que cette vie s'arrête. De toute façon ma vie professionnelle est finie. Je veux remonter la pente. On m'innocentera, et après je partirai".

Le procureur de Besançon a assuré mercredi que la justice agissait sans relâche, alors que les avocats de l'anesthésiste Frédéric Péchier, poursuivi pour 24 empoisonnements qu'il a toujours niés et qui a tenté de se suicider, ont critiqué les lenteurs de la procédure.

"Les investigations dans ce dossier ne sont pas à l'arrêt", a affirmé Etienne Manteaux lors d'une conférence de presse, quelques jours après que le Dr Péchier a tenté de mettre fin à ses jours en se défenestrant, dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre.

"Sa tête a heurté le sol, sur un dallage en béton. Polytraumatisé, son pronostic vital était engagé, ce qui n'est plus le cas, mais les médecins ne peuvent se prononcer sur l'évolution de son état et d'éventuelles séquelles", a indiqué le procureur.

Un 25eme cas?

Le procureur a énuméré les multiples actes d'enquête menés dans cette procédure fleuve de "plus de 15.700 cotes", revélant l'ouverture d'une nouvelle information judiciaire en septembre 2020 sur l'identification d'un "25e cas hautement suspect" après l'exhumation du corps d'un patient. La mise en examen supplétive du Dr Péchier pour ce 25e cas "devrait être réalisée prochainement", quand son état de santé le permettra, a-t-il précisé.

Le Dr Péchier, 49 ans, a déjà été mis en examen pour un total de 24 empoisonnements présumés de patients, de 2008 à 2016. Neuf d'entre eux étaient décédés. Il est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de ces patients, âgés de quatre à 80 ans, pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur mais aussi discréditer des collègues de cliniques de Besançon avec lesquels il était en conflit.

L'instruction judiciaire ouverte en février 2017 est au ralenti dans l'attente d'une "contre-expertise médicale absolument déterminante" dont "le retour n'est pas attendu avant mi-2022", a précisé le procureur.

Gwenaël Windrestin (avec Guillaume Dussourt)