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Le marié et ses invités attaquent le commissariat: le coup de gueule du maire de Mantes-la-Jolie

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Le commissariat de Mantes-La-Jolie (Yvelines) a été pris pour cible par un marié et son cortège. Le bâtiment a été visé par des tirs de mortiers d'artifice pendant que la mariée attendait son futur époux à l'hôtel de ville. Mais le marié a finalement été interpellé, annulant de facto l'union. Sur RMC, le maire de la ville fait part de son impuissance face à ces incivilités.

C'est une manière singulière de gâcher son mariage. À Mantes-la-Jolie, dans les Yvelines, une douzaine de personnes dont le futur marié lui-même, ont lancé des mortiers d'artifices en direction du commissariat de la ville en marge du cortège de mariage. Les forces de l'ordre ont répondu avec des grenades lacrymogènes pour disperser la foule et ont dans la foulée interpellé douze personnes, dont le marié lui-même. Tous ont été placés en garde à vue.

Au grand dam de la mariée, qui attendait son futur époux dans les locaux de la mairie de Mantes-la-Jolie: "On peut mettre des amendes, faire appliquer le code de la route mais en tant que maire, on est assez impuissant", déplore le maire de la ville Raphaël Cognet (DVD), dans "Apolline Matin" ce mardi sur RMC et RMC Story.

Et ce n'est pas la première fois que son futur mari lui fait faux bond. Quelques semaines plus tôt, il ne s'était même pas présenté à la mairie. Mais aujourd'hui, rien n'empêche les fiancés de se représenter devant la mairie pour tenter une troisième fois de se marier.

"Du moment qu'un des deux mariés a des attaches dans la commune, le maire ne peut pas refuser le mariage. Aujourd'hui, si la mariée revient en mairie, je ne peux pas la refuser. J'incite cependant la mariée à bien réfléchir puisque quand ça se passe comme ça les deux premières fois, il y a beaucoup de chances que ça se passe mal la troisième fois", assure l'élu.
Le parti-pris : Mantes-la-Jolie, le marié tire sur le commissariat - 29/08
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La caution inutile?

Ce n'est pas le premier mariage qui dérape dans la commune. Et ces dérapages "participent au sentiment de non-autorité de notre société", déplore l'élu, qui a envisagé de mettre en place une charte à faire signer aux futurs mariés. "Quand les gens se marient à Mantes-la-Jolie, ils ont un entretien avec les équipes de la mairie et on leur rappelle un certain nombre d'obligations. Le travail de pédagogie est déjà fait. Sur 272 mariages chaque année, 260 se passent très bien", assure Raphaël Cognet.

"Une charte, c'est pour ceux qui sont prêts à bien se tenir. Mais la plupart du temps, les dérapages se passent à l'extérieur de la mairie avec des cortèges, des rodéos, la circulation ralentie... Pour ces gens-là, cela relève du domaine de la sanction et il n'y a que ça qui les fera reculer", constate le maire.

Pour tenter d'enrayer les mariages qui dérapent, certaines communes comme celle de Poissy (Yvelines) demandent aux mariés une caution, saisie en cas de débordements. Une solution que le maire de Mantes-la-Jolie pense adopter mais qu'il juge insuffisante: "Je doute de la possibilité de retirer une caution s'il n'y a pas de dégâts matériels (au sein de la mairie, ndlr). Si quelqu'un fait exploser un pétard dans l'hôtel de ville et dégrade du matériel, je peux réclamer une caution, mais pas si ça se passe à l'extérieur".

"La loi n'est pas faite pour que nous puissions l'appliquer"

"En tant que maire, on est officier de police judiciaire mais la loi n'est pas faite pour que nous puissions l'appliquer", déplore Raphaël Cognet qui constate aussi cette impuissance face aux dépôts de déchets sauvages: "On identifie des voitures avec leur plaque, on met des PV et quand l'argent ne vient pas, on lance une procédure judiciaire. Neuf fois sur dix, on est classé sans suite au bout de deux ans devant les tribunaux", constate l'élu, qui attribue ces classements sans suite à l'engorgement des tribunaux.

"Je dois appliquer mes pouvoirs de police pour protéger ma population mais dans les faits, je ne peux pas. Ça exaspère nos concitoyens", conclut, amer, le maire.

Concernant le mariage de samedi, les 12 interpellés dont le marié ont assuré qu'ils ignoraient qu'ils se trouvaient devant un commissariat, aucun d'entre eux n'étant originaire de la commune et tous présentant un casier judiciaire vierge. Quatre véhicules du convoi ont néanmoins été saisis. À l'intérieur, les policiers ont retrouvé une trentaine de mortiers d'artifice, prêts à être utilisés et dont certains modèles sont interdits à la vente en France. Cinq personnes, dont un adolescent de 16 ans, doivent être convoqués prochainement devant la justice.

G.D.