"Le policier lui a mis une balle en plein cœur": le témoignage très fort du père de Souheil, mort à Marseille
Nouveau rebondissement dans la mort de Souheil, tué le 4 août dernier à Marseille par la police alors qu'il refusait un contrôle routier. La famille porte plainte contre l'IGPN pour obstruction de la vérité. L'affaire avait été classée sans suite en décembre, concluant à la légitime défense. Le parquet de Marseille a tout de même demandé à l'IGPN un complément d'enquête, ce mardi. Le dossier est donc rouvert.
Depuis plus de 6 mois, la famille de Souheil essaie de faire avancer l'enquête de son côté. Et Issam El Khalfaoui, son père, est catégorique : non, son fils de 19 ans n'a pas failli tuer un policier avec sa voiture.
"La police dit qu'en reculant, il a heurté un policier, l'a traîné sur plusieurs mètres, et que son collègue n'a pas eu d'autre choix que de tirer", explique-t-il ce jeudi dans "Apolline Matin" sur RMC. Mais selon Issam, le drame s'est déroulé tout autrement: "Lors de la marche arrière de mon fils, il a légèrement heurté le premier policier qui n'est pas tombé au sol. Et lorsqu'il continuait sa marche arrière, l'autre policier lui a tiré une balle dans le cœur, à moins d'un mètre de distance".
L'ingénieur de 47 ans se dit "anéanti": "C'est un jeune de 19 ans qui avait une voiture mais pas de permis effectivement, mais il est mort parce qu'il a fait une bêtise. Ça aurait mérité un procès mais pas la mort".
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"On veut que l'affaire soit dépaysée"
Si le dossier est rouvert depuis mardi après avoir été classé sans suite, Samia, la tante de Souheil, a du mal à faire confiance à la justice. "Tous les témoins mis dans le cadre de la plainte, aucun n'a été reçu. Le parquet et l'IGPN ont tout fait pour ne pas mener d'enquête. Il n'y a pas eu d'enquête de voisinage. La gestion du drame a été faite dans le but d'innocenter les policiers. Ils n'ont pas été mis en garde à vue, le procureur adjoint a demandé à ce que le tireur ne soit reçu qu'en audition libre et 48 heures après le drame. Les deux policiers ont reconnu s'être parlé avant les auditions", dénonce-t-elle.
"On veut que l'affaire soit dépaysée avec un juge d'instruction et une réelle enquête, qu'elle sorte du giron de Marseille", ajoute la tante de Souheil.
"On a eu le dossier en main. Il y a des pièces manquantes. Il y a une banque à proximité du lieu du drame et sur six vidéos, on a pu accéder à seulement deux vidéos. Certaines ont été déclarées dans les scellés mais ont disparu et personne ne l'explique", assure Issam El Khalfaoui.
Et il va plus loin. Il estime qu'il y a "une responsabilité politique": "On a de plus en plus de cas de jeunes lors de délits de fuite, qui se font tirer dessus alors qu'il n'y a pas danger pour les policiers. Je pense que cela n'existe que s'il y a des consignes".
Porte à porte, reconstitution... La famille a réalisé sa propre enquête parallèle. Aujourd'hui, Arié Alimi, leur avocat, juge durement les investigations judiciaires: "Ça commence au départ par l'absence d'audition des voisins, des vidéos qui disparaissent et ça finit surtout par un procureur de la République qui, à notre avis, n'a jamais regardé les éléments qui lui ont été adressés par l'IGPN".
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