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"Le secret de la confession plus fort que les lois de la République": les propos du président de la conférence des évêques font grincer des dents

Après la publication du rapport Sauvé sur les abus sexuels au sein de l'Eglise, les propos du président de la conférence des évêques font polémique: il a défendu le "secret de la confession", assurant qu'il était "plus fort que les lois de la République". Il est convoqué par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en début de semaine prochaine "afin de s'expliquer sur ses propos".

À l'issue de la présentation du rapport accablant de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise mercredi (ou rapport Sauvé, du nom de son rapporteur), le président de la conférence des évêques de France a plaidé pour le secret de la confession: "Le secret de la confession est plus fort que les lois de la République", a affirmé sur France Info Éric de Moulins-Beaufort.

Une sortie qui n'a pas manqué de faire réagir de nombreuses associations. Un certain nombre de fidèles aimeraient d'ailleurs que l'Eglise évolue sur la question de la fin du secret de la confession.

Pour Adrien, ne pas dénoncer un crime, c'est impardonnable: "Il y a quand même des vies qui sont en jeu, qui peuvent être détruites. Moi je le dénoncerai personnellement, j'aiderai n'importe quelle personne qui vient se confesser", explique à RMC ce croyant de 21 ans.

Pour ce couple de Bordelais, l'Eglise doit s'interroger: "Est-ce que le prêtre doit le dénoncer, la question se pose effectivement", assure Evelyne. "Il y a une question d'appréciation. Dans un cas extrême, ça peut se dénoncer, surtout si cela concerne des enfants", assure Jean-Claude.

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"C'est au prêtre d'aider à permettre que la vérité sorte de ce lieu secret"

Et même si la question fait débat auprès des fidèles, le secret de la confession est inaliénable, plaide le père Denis Metzinger, le curé de l'église Saint-Etienne Du Mont à Paris: "La confession, c'est un secret absolu, comme pour un médecin, un avocat ou dans d'autres professions, c'est fondamental. C'est ce qui fait que la parole va pouvoir advenir. Mais c'est au prêtre d'aider à permettre que la vérité sorte de ce lieu secret".

Le président de la conférence des évêques a précisé mercredi soir son propos affirmant que les lois de l'Eglise n'étaient pas contraires aux lois de la République. La loi, elle, est plus précise pourtant:

"Le secret de la confession est assimilé sur le plan juridique, au secret professionnel, dont la violation est réprimée pénalement (article 226-13). Mais l'article suivant, le 226-14 prévoit des exceptions et assure que ce secret n'est pas applicable à celui qui informes les autorités judiciaires de sévices y compris de mutilation ou d'atteintes sexuelles infligées à une mineure ou une personne qui n'a pas pu se protéger", a tenu à rappeler ce jeudi matin sur RMC Amine El-Katmi le président du Printemps républicain.

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Le séparatisme, deux-poids deux-mesures?

Mercredi, il avait qualifié de "séparatistes", les propos d'Éric de Moulins-Beaufort. Séparatisme, c'est le terme qui revenait notamment sur les réseaux sociaux, où de nombreux internautes ironisaient sur la notion, souvent brandie par la droite et l'extrême-droite lorsqu'il s'agit d'Islam. Alors y-a t-il un bon et un mauvais séparatisme en France? Peut-être, à en croire le silence radio de l'exécutif et de la classe politique après les propos du président de la conférence des évêques de France.

De son côté, le rapport Sauvé ne recommande pas la levée générale du secret de la confession, mais sa levée systématique dans le cas précis des violences sexuelles sur mineurs et personnes vulnérables.

Et l'affaire semble prise au sérieux au niveau du gouvernement: Mgr de Moulins-Beaufort va être convoqué par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin en début de semaine prochaine "afin de s'expliquer sur ses propos" sur le secret de la confession.

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Nicolas Ropert (avec Guillaume Dussourt)