Légitime défense: "Il faut inverser la charge de preuve" selon le syndicaliste policier Stanislas Gaudon

La légitime défense s'invite dans la campagne présidentielle. Eric Zemmour a annoncé le 22 janvier dernier, lors d'un meeting à Cannes, son souhait, en cas de victoire, de créer un droit de "défense excusable", pour permettre aux personnes agressées de pouvoir "enfin riposter aux voyous". Il souhaite ainsi supprimer la notion de proportionnalité actuellement en vigueur dans la loi sur la légitime défense.
"Avec cette projection juridique, les commerçants et les citoyens braqués ainsi que les policiers auront le droit de riposter face aux voyous, la peur changera de camp", plaide Eric Zemmour.
Une promesse qui plaît à certains policiers. "Nous sommes favorables à une évolution du texte sur la légitime défense", assure ce mercredi sur RMC Stanislas Gaudon, délégué général du syndicat de police Alliance.
"Nous avons des collègues blessés par arme en France et nous, ce que nous voulons, c'est inverser la charge de la preuve: que ce ne soit plus au policier de prouver qu’il était en état de légitime défense mais à la partie adverse de prouver que le policier n’était pas en état de légitime défense", plaide-t-il, contrairement à ce qui est en vigueur.
La crainte d'une escalade de violence
Mais modifier la loi pourrait s'avérer compliqué selon Stanislas Gaudon: "Les textes sont compliqués, il y a le texte français et le texte européen avec la convention des Droits de l’homme. Si l’on commence à proposer des textes de loi retoqués par les tribunaux, la jurisprudence ferait que cette disposition législative serait fragilisée", assure-t-il. Le policier craint pourtant avec une modification de la loi, une escalade de la dotation des armes et des risques de dérapages.
Stanislas Gaudon n'exclut pas pour autant une modification de l'article 122-5 du code pénal qui encadre la légitime défense et qui dispose que l'agression subie doit être "injuste, réelle et actuelle" et la réponse "simultanée, nécessaire, volontaire et proportionnelle".
La question fera sûrement l'objet de débats ce mercredi à l'occasion du "grand oral" des candidats à la présidentielle, surtout ceux de droite, invités par le syndicat de police Alliance à présenter leur programme en matière de sécurité et de justice. Si Marine Le Pen, Valérie Pécresse et Eric Zemmour ont répondu présent, la plupart des candidats de gauche ont refusé de venir: "On avait ouvert le champ à tout le monde, mais certains ont refusé le débat démocratique", assure Stanislas Gaudon. Un débat démocratique pourtant amputé d'un candidat, Jean-Luc Mélenchon, pas invité "par choix" selon le syndicaliste.
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