Mahjoub Mahjoubi: l'expulsion de l'imam vers la Tunisie validée par le tribunal administratif

L'imam Mahjoub Mahjoubi lors d'un entretien chez lui, à Soliman, en Tunisie, le 23 février 2024 au lendemain de son expulsion de France - FETHI BELAID © 2019 AFP
Le tribunal administratif de Paris a validé ce lundi l'expulsion de l'imam Mahjoub Mahjoubi. "Ses propos ne s’inscrivent pas dans le cadre des valeurs de la République française, opposent les musulmans et les non-musulmans, incitent à la haine envers les juifs et Israël ou font l’apologie du jihad et de la charia", a fait savoir le tribunal administratif de Paris dans un communiqué.
Pour le tribunal administratif, les propos tenus par Mahjoub Mahjoubi dans un prêche diffusé sur son compte Facebook développent "un discours théorisant la soumission de la femme à l’homme", "des propos contre les principes de la République en s’en prenant au drapeau français et en faisant l’éloge de la charia" et des propos "envers les Juifs désignés notamment comme les ennemis historiques des musulmans qu’il faut combattre".
Incitation au terrorisme
Le tribunal administratif note également que Mahjoub Mahjoubi "a tenu des propos incitant au terrorisme en faisant une apologie du djihad".
Enfin, le tribunal note que la femme de l'imam et leurs enfants n'ont pas la nationalité française et que l'état de santé de l'un d'eux ne nécessite pas d'hospitalisation en France: "La cellule familiale de l’intéressé pourrait se reconstituer en Tunisie" et "cette décision d’expulsion ne porte pas une atteinte grave et manifestement illégale à sa liberté d’aller et venir et à sa vie privée et familiale", précise le tribunal administratif.
Un "lapsus" et des excuses
Renvoyé en Tunisie après des propos tenus lors d'un prêche sur les réseaux sociaux et qualifiés "d'appels à la haine" par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, l'imam de Bagnols-sur-Cèze Mahjoub Mahjoubi avait évoqué un lapsus. "Si mes propos ont blessé oui je le regrette profondément", avait-il assuré sur RMC et RMC Story. "Mais mes propos n'ont en aucun cas insulté la France ou le drapeau français. Je le maintiendrai quoi que ça me coûte", avait ajouté l'imam.
Dans la foulée de son expulsion le 22 mars dernier, son avocat Samir Hamroun avait déposé un "référé liberté" contre cette décision.
Plusieurs signalements
Dans une vidéo relayée sur son compte Facebook, l'imam Mahjoub Mahjoubi avait qualifié le drapeau tricolore de "drapeau satanique" qui n'a "aucune valeur auprès d'Allah".
Mais l'imam était aussi dans le viseur des autorités depuis plusieurs semaines. Il avait déjà fait l’objet de deux autres signalements de la préfecture du Gard, un pour le financement de la mosquée et l’autre concernant la gestion d’une entreprise.
"Il avait déjà des problèmes avec des fidèles de sa mosquée, on avait essayé d'arranger les choses mais ce qu'il a dit dépasse la raison", avait assuré sur RMC Abdallah Zekri, vice-président du Conseil français du culte musulman et délégué du CFCM à la mosquée de Nîmes près de Bagnols-sur-Cèze.