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Meurtre d'Elodie Kulik: les désaccords des experts sur l'appel glaçant de la victime aux pompiers la nuit du drame

Sur l'enregistrement audio, on entend les cris de la jeune femme et les voix de plusieurs hommes mais aucun expert n'est d'accord concernant leurs identités et le contenu de leurs propos.

Mercredi devant la cour d'assises de la Somme à Amiens, se tenait le 5e jour du procès de Willy Bardon, accusé d'avoir violé, tué puis brûlé Elodie Kulik en 2002. Cette jeune directrice de banque avait été retrouvée morte non loin d'une route départementale près de Tetry. Une journée cruciale hier qui était consacrée à l'écoute et à l'analyse d'une pièce maîtresse de l'accusation: l'enregistrement de l'appel d'Elodie Kulik aux pompiers la nuit du meurtre.

Vingt-six secondes de très mauvaise qualité puis deux sonneries, un "allo" de l’opératrice, avant une vingtaine de cris stridents, des gémissements de terreur d'Elodie Kulik. En un mot : l'effroi qui glace le sang de la salle, remplie.

Willy Bardon, le suspect, reste lui impassible. Pour l'accusation sa voix est celle de l'un des deux hommes que l'on entend au loin, difficilement, derrière les cris. Que disent-ils ? Aucun des nombreux experts passés à la barre ne peut le dire avec certitude, ni affirmer qu'il s'agit de Willy Bardon.

Que disent les voix que l'on entend sur la bande ?

Quatorze expertises et autant de retranscriptions: "au secours", croient entendre certains. "Vite vite", "passe-moi tes clés", diraient les hommes, selon d'autres experts. Même la présidente s'y essaye: "j'entends éteignez vos phares". Willy Bardon acquiesce, alors qu'il distingue lui un "éteins la lumière, coupe la batterie". L'incertitude règne donc autour de la crédibilité de cette preuve clé pour l'accusation. Le procès doit se tenir jusqu'au 6 décembre prochain.

Le 10 janvier 2002, Elodie Kulik 24 ans, directrice d'une agence bancaire à Péronne, avait disparu en fin de soirée alors qu'elle rentrait chez elle sur une route gelée, peu fréquentée et dans un épais brouillard. Un suspect avait été identifié en 2012 grâce à des analyses ADN, mais il était mort depuis bien longtemps, à la suite d'un accident de voiture en 2003.

Gwladys Laffitte (avec Guillaume Dussourt)