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Police-Justice

Meurtre d'Eric Masson à Avignon: "Il savait qu’il tirait sur des policiers" assure son coéquipier

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Le coéquipier d’Eric Masson, le policier tué en mai 2021 à Avignon, a témoigné ce lundi aux assises. Et assure que l’accusé savait qu’il tirait sur des policiers.

1m89, barbe fine, Romain R. a les traits marqués. A la cour d’assises du Vaucluse, ce lundi, le coéquipier d’Eric Masson, tué le 5 mai 2021, revient sur ce drame qui commence par un banal contrôle sur un point de stups. Éric Masson est avec une acheteuse, deux jeunes hommes débarquent. "L’un d’eux nous a demandé si on charbonnait (dealer, NDLR), Éric est allé dans sa direction. J’ai entendu deux détonations. Je l’ai vu tomber au sol. J’ai pris sa tête dans mes bras, je lui ai demandé de rester pour Emilie pour ses filles", témoigne Romain.

La famille d’Eric Masson est en larmes, tout comme une grande partie de la salle où se trouvent ses anciens collègues. "Éric, c’était un super mec, un mec extraordinaire, reprend Romain. Il s’est fait abattre par un individu." Le policier se tourne alors vers le box des accusés, qui n’a pas le courage de le reconnaître.

Ce policier a formellement identifié Ilias comme le tireur. "Il savait qu’il tirait sur des policiers, j’en suis sûr et certain. Éric a crié ‘police, police’ avant les détonations", affirme Romain. Depuis les faits, il a quitté Avignon et la voie publique: "J’ai dû fuir pour ma sécurité, pour mon bien-être". Et il ajoute: "Dehors, je n’y retournerai jamais".

Une circonstance aggravante

L’un des enjeux de ces assises, c’est de déterminer si le tireur savait qu’il ciblait un policier avant de faire feu. Cette circonstance aggravante fait encourir la perpétuité au principal accusé. "Est-ce qu’on peut déduire de ce cri ‘police, police’ d’Eric Masson qu’il n’a pas annoncé sa qualité de policier avant?", demande Me Elise Arfi, qui fait dire au témoin qu’Eric Masson n’avait pas montré son brassard police au tireur pour se faire connaître. "Il sait que son interlocuteur est policier et en plus, il va revendiquer qu’il gère un point de deal?", s’étonne l’avocate.

Me Frank Berton, qui représente également Ilias A., confronte le policier à ses contradictions au sujet du ou des tirs dont il aurait fait l’objet. Car le principal accusé est aussi jugé pour tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité et Romain R. est partie civile. "Vous avez toujours dit ne pas avoir entendu de détonation dans votre direction, l’interroge Me Berton. Et pourtant aujourd’hui, vous dites que Monsieur A., que vous identifiez comme le tireur, vous a visé."

"C’est ce que l’expert a prouvé", répond Romain, se basant sur le rapport de l’expert en balistique. Après cette audition, le président interroge une nouvelle fois Ilias A. à la lumière de la reconstitution et du rapport de l’expert balistique: "Est-ce que vous êtes l’individu qui a tiré?". "Non, répond l’accusé. Pour le moment, je ne souhaite pas m’exprimer." Il sera interrogé sur le fond dans deux jours.

Marion Dubreuil