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Mobilisation dans l'Oise pour l'éleveur condamné pour le bruit et l'odeur de ses vaches

Environ 150 agriculteurs, élus et habitants se sont réunis vendredi à Saint-Aubin-en-Bray dans l’Oise pour soutenir l’agriculteur condamné à verser 120.000 euros de dommages et intérêts à des riverains qui se plaignent du bruit et de l'odeur de ses vaches. Les professionnels agricoles craignent que cette décision fasse jurisprudence.

Environ 150 personnes -agriculteurs, élus ou habitants- se sont réunis vendredi à Saint-Aubin-en-Bray dans l’Oise, à l'initiative de la FNSEA, en soutien à un agriculteur local condamné à verser 120.000 euros de dommages et intérêts à des riverains qui se plaignent du bruit et de l'odeur de ses vaches.

Vincent Verschuere, un éleveur de bovins de 33 ans, a été condamné le 8 mars par la cour d'appel d'Amiens pour "troubles anormaux du voisinage", à cause de nuisances olfactives et sonores de sa ferme. Ce procès était très suivi par le monde agricole qui craint qu'il ne fasse jurisprudence dans les conflits entre riverains et agriculteurs.

Demain, est-ce qu'on aura encore le droit de rouler en tracteur aux heures qu'on veut?

"C'est mettre le doigt dans l'engrenage. Demain, est-ce qu'on aura encore le droit de rouler en tracteur aux heures qu'on veut?", s'est interrogé Luc De Zutter, agriculteur près de Saint-Aubin-en-Bray.

Les néo-ruraux au coeur des critiques

Les néo-ruraux ont été largement ciblés lors des prises de parole vendredi. "On ne peut pas venir habiter à la campagne et demander à ce que l'activité s'arrête. La vie à la campagne, c'est des tracteurs qui passent, le chant des oiseaux, des coqs, le bruit des vaches", a lancé Christiane Lambert, présidente de la FNSEA.

Le combat judiciaire entre Vincent Verschuere et un groupe de neuf riverains dure depuis plus de 10 ans. En 2010, il avait investi 600.000 euros pour agrandir son exploitation, au cœur du village, en construisant deux hangars, dont une stabulation, d'une surface de 2.800 m2. Il avait obtenu une dérogation préfectorale, les hangars se trouvant à moins de 100 m des premières habitations.

Xavier Bertrand présent sur place

Des riverains, se plaignant de nuisances olfactives et sonores de ses 260 bovins, ont porté l'affaire en justice. La cour d'appel n'a pas ordonné pas la démolition des hangars mais demande à l'éleveur de trouver "des solutions techniques" pour diminuer les nuisances. "J'ai fait des devis pour isoler phoniquement une partie du bâtiment et refaire la ventilation: il y en a pour 100.000 euros", se désole l'éleveur qui craint de devoir mettre "la clé sous la porte." Présent sur place, le président de la région Hauts-de-France Xavier Bertrand a promis qu'en cas de "problèmes de trésorerie", "la région répondra présente".

"C'est plus une condamnation de l'agriculture qu'une condamnation de mon exploitation, puisque dans l'Oise, on est 40% des éleveurs à être sous dérogation de distance étant donné que nos exploitations sont au cœur des villages depuis des générations", a regretté Vincent Verschuere vendredi sur RMC.

RMC avec AFP