Mort d’Yvan Colonna: "Il faisait son sport, il ne se mêlait de rien" témoigne un ancien codétenu
"Je suis ému qu’il soit parti parce que c’était quelqu’un de très, très gentil". Ismaël, qui a été condamné pour vol à main armée, a contacté RMC ce mardi pour témoigner dans "Apolline Matin" après la mort d’Yvan Colonna la veille, agressé il y a trois semaines à la prison d’Arles par Franck Elong Abé, qui purgeait plusieurs peines dont une de neuf ans d'emprisonnement pour "association de malfaiteurs terroriste". Le militant indépendantiste corse, condamné à la perpétuité dans l’affaire de l’assassinat du préfet Erignac en 1998, était incarcéré à Arles depuis 2012. Ismaël assure l’avoir côtoyé dans cette prison de 2014 à 2016.
Selon cet ancien codétenu, les explications de l’agresseur sur un "blasphème" prononcé par Yvan sont de "grosses conneries". "Quand j’entends qu’on dit qu’il a blasphémé le prophète, ce n’est pas possible. Il faisait son sport, il ne se mêlait de rien. C’est incompréhensible, confie Ismaël à propos d’Yvan Colonna. J’ai été condamné pour vol à main armée. Je continuais à écrire à Yvan, on s’écrivait. Je ne pouvais pas demander le permis de visite parce que la directrice ne me l’aurait jamais donné. Le dernier échange, c’était il y a deux mois, quand il m’a envoyé les vœux."
"Le problème de la prison en ce moment, c’est qu’il y a trop de psychiatriques"
Ismaël, qui ne connait pas Franck Elong Abé, estime que ce dernier "aurait dû rester à l’isolement". "Il pouvait se trouver à la salle avec Yvan, les DPS (détenus particulièrement signalés) sont mélangés. Mais il n’aurait jamais dû s’y retrouver, il aurait dû rester à l’isolement. Le bâtiment où était Yvan, c’était un bâtiment particulier, on y met souvent des psychiatriques. Yvan était confronté à ça. C’est pour ça qu’il demandait le rapprochement en Corse depuis longtemps. Le problème de la prison en ce moment, c’est qu’il y a trop de psychiatriques. Tout est centralisé à Paris. Ils prennent des décisions qui ne correspondent pas à la réalité. Il y a une grosse responsabilité de l’administration centrale. Il y a la mort d’un homme, il faut qu’il y ait des conséquences." Ismaël va "sûrement" se rendre aux obsèques d’Yvan Colonna.