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Police-Justice

"On est nuls dans la prévention": Villeurbanne agit contre l'entrée des jeunes dans le trafic de drogue

Une brigade de police anti-stupéfiants afin d'éradiquer le trafic de drogue à Villeurbanne, en France, le 29 novembre 2024.

Une brigade de police anti-stupéfiants afin d'éradiquer le trafic de drogue à Villeurbanne, en France, le 29 novembre 2024. - Romain Doucelin/NurPhoto

Voilà plusieurs semaines que la ville de Villeurbanne, près de Lyon, a lancé un dispositif bi-annule dans le quartier de Charpennes-Tonkin destiné à éviter aux jeunes l'implication dans des réseaux de drogue. Les Grandes Gueules réagissent ce lundi 18 août.

Un programme pour éloigner les jeunes du trafic. Fin juillet, la municipalité de Villeurbanne a présenté son programme de prévention contre la participation des jeunes au trafic de stupéfiants dans le quartier de Charpennes-Tonkin. Une initiative financée à hauteur de 150.000 euros, en partie par une mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

L'idée consiste à organiser différents ateliers, dont des forums avec des policiers et des anciens condamnés. Et même l'organisation de faux procès pour faire comprendre les risques encourus aux jeunes qui pourraient être tentés par ce trafic. Un projet qui n'a pas manqué de faire réagir les chroniqueurs des Grandes Gueules, ce lundi 18 août.

Autorité, violence, argent rapide...

Selon l'éducateur Abel Boyi, présent ce lundi en plateau, l'idée est bonne, mais devrait être poussée. "Je souscris à 100% à ce programme, car une société qui fonctionne bien doit fonctionner dans le triptyque prévention, sanction et répression pour les plus téméraires. Mais, en France, on est nuls dans la prévention et on a trop idéalisé nos enfants. Les réseaux sociaux font que les enfants, très jeunes, ont un problème avec l'autorité, la violence, l'argent rapide et la sexualité".

L'éducateur va même plus loin et revendique une pédagogie auprès des enfants avant les années collège. "Ce que j'aime dans ce projet, c'est qu'il concerne des mômes de 9 à 12 ans. Dans certains territoires, le collège devient la plateforme de décrochage en tout genre. [...] Le trafic de drogue offre de façon illusoire de l'argent rapide, un projet, un sentiment d'exister, de l'appartenance et donc des nouveaux repères, alors que c'est à l'État de donner tout cela".

"Je trouve que ce dispositif manque d'une chose, à l'école publique on doit remettre plus de cérémonial républicain. Je suis pour la Marseillaise le lundi matin et la levée du drapeau", ajoute Abel Boyi sur le plateau des Grandes Gueules.

"Des gamins porreaux à la culture de l'argent"

Pour Didier Giraud, éleveur de bovins et lui aussi chroniqueur sur le plateau des Grandes Gueules, il serait de bon ton que ce genre de programme soit accompagné d'un volet lié à la consommation et les répercussions pour les acheteurs sur la santé.

De son côté, Barbara Lefebvre, professeure d'histoire-géographie prône un retour de l'éducation parentale pour éviter la présence de jeunes enfants dans la rue. "Auparavant il y avait une pression sociale et un respect des valeurs. Il faut continuer à revenir sur l'éducation parentale. Aujourd'hui beaucoup de gamins sont porreaux à la culture de l'argent, nourris par rien. C'est rare qu'un enfant se projette dans le futur de lui-même, il faut que les parents le fassent pour ne pas nourrir l'entrée dans la décadence".

Villeurbanne contre l'entrée des jeunes dans le trafic - 18/08
Villeurbanne contre l'entrée des jeunes dans le trafic - 18/08
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Bertrand, retraité dans la Nièvre, a lui aussi son opinion sur ce dispositif. "Je ne sais pas si ça peut être efficace, mais je pense qu'il faudrait légaliser [le commerce et la consommation de drogues] et établir des officines où les acheteurs pourront trouver conseils".

Une idée contrecarrée par les chroniqueurs qui prennent exemple sur certains pays voisins ayant déjà légalisé l'usage des drogues. "Si un jour on légalise, les narcotrafiquants n'accepteront pas de se faire prendre une part de business. Ils ont noué un lien relationnel d'amitié avec leurs clients. Si demain vous avez une officine qui leur prend une part de marché, cette officine se fera canarder à la kalashnikov, on va balancer une brique par la vitre, on va y aller à la voiture bélier, dans des méthodes mafieuses", lui répond Abel Boyi.

Lilian Pouyaud