"Pas d’offre sans demande": à Bayonne, le procureur va saisir les téléphones des consommateurs de drogue

À Bayonne, le procureur de la République, Jérôme Bourrier, veut renforcer la lutte contre le trafic de drogue. Mais cette fois, il veut notamment s’attaquer aux consommateurs en permettant la saisie des téléphones portables utilisés par les consommateurs de drogue pour leurs transactions avec les dealers. Il a détaillé son dispositif ce mercredi 23 avril.
“Cela s’inscrit dans la lutte contre le narcotrafic qui est aujourd’hui une priorité absolue tant elle criminalise la société et a pris de l’ampleur", souligne le procureur de Bayonne ce 24 avril sur RMC.
"Il n’y a pas d’offre sans demande et je crois qu’il faut s’attaquer avec plus de fermeté au problème de la consommation, avec plus de rigueur, et une répression accrue. C’est dans ce contexte que je souhaite désormais saisir de manière systématique les téléphones portables des usagers lorsqu’ils s’en sont servis pour entrer en contact avec leur fournisseur”, explique ce jeudi matin sur RMC le procureur de Bayonne.
Dans le détail, les consommateurs pris la main dans le sac seront amenés au commissariat de police. S'il est établi que le téléphone a servi à effectuer la transaction alors celui-ci sera directement saisi.
Depuis quatre ans, une amende forfaitaire délictuelle de 200 euros est déjà en place. Elle consiste à faire payer le consommateur arrêté en pleine transaction si la quantité de cannabis ne dépasse pas les 30 grammes et la dose de cocaïne ne va pas au-delà des cinq grammes.
Une mesure pour démanteler des petits réseaux?
Mais selon Jérôme Bourrier, cette saisie du téléphone permettra aussi d’avoir plus d’impact que les amendes qui ne sont pas toujours payées et que les services de recouvrement sont souvent longs et inefficaces.
“La saisie du smartphone pour des jeunes publics, notamment, est une réponse dissuasive. C’est une sanction et elle a une valeur symbolique assez forte à mes yeux”, ajoute le procureur.
Une mesure dissuasive, qui pourrait aussi permettre de démanteler des réseaux de trafiquants, salue Laurent Vitiello, délégué régional du syndicat de police Alliance. “Le fait de pouvoir récupérer ces téléphones touchera au porte-monnaie des consommateurs".
"Quand un jeune a un téléphone à 800 euros et qu’il va lui être confisqué, il réfléchira à deux fois à passer commande avec son téléphone pour acheter des stupéfiants", pense-t-il.
"On se rend bien compte que les téléphones sont utilisés, les réseaux sociaux sont plus qu’utilisés donc ce n’est pas forcément intrusif, c’est utiliser des moyens qui vont nous permettre de démanteler des petits réseaux”, conclut-t-il.
MAJ 10h07 - Le ministre de la Justice Gérald Darmanin a annoncé dans la foulée de l'interview du procureur de Bayonne son intention de généraliser la mesure sur l'ensemble du territoire français