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Police-Justice

Procès des viols de Mazan: un accusé assure ne pas se souvenir et estime avoir été lui-même drogué

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Au procès des viols de Mazan, un des accusés appelé à la barre ce jeudi a assuré ne pas se souvenir des faits qui lui sont reprochés. Il a affirmé avoir été drogué par Dominique Pelicot.

Si Jean T. ne se souvient de rien des viols sur Gisèle Pelicot qui lui sont reprochés, c'est parce que lui aussi, comme la victime, aurait été drogué par le mari, le principal accusé, a-t-il assuré jeudi devant la cour criminelle de Vaucluse.

"Monsieur Pelicot m'a drogué parce qu'il m'a offert à boire", a insisté l'ex-couvreur de 52 ans. "Bill", son pseudonyme sur le site Coco.fr où il avait rencontré Dominique Pelicot, est un des très rares parmi les 50 coaccusés au procès des viols de Mazan à s'être rendu en journée au domicile conjugal des Pelicot, dans le Vaucluse.

En tout cas, "il ne m'a jamais dit que sa femme était endormie, droguée et que je venais violer sa femme", assure-t-il jeudi à Avignon. "Ils savaient tous", réfute aussitôt Dominique Pelicot, jugé pour avoir drogué son épouse aux anxiolytiques avant de la violer et de la faire violer par des dizaines d'inconnus recrutés sur Internet, pendant dix ans. Des faits qu'il reconnaît.

Sur les près de dix scènes filmées par le mari ce 21 septembre 2018, les ronflements de Gisèle Pelicot sont perceptibles. Sur l'une d'elles, Jean T. lève le pouce en signe de satisfaction en direction de la caméra. A l'audience, il assure pourtant ne pas avoir su que les actes étaient filmés.

Aucun souvenir de son acte

Après avoir décrit chaque vidéo, le président de la cour Roger Arata interroge l'accusé pour savoir s'il se souvenait de ses actes. A chaque fois, inlassablement, la même réponse: "Non". Ce n'est que lors du visionnage des vidéos, après son arrestation, que l'accusé affirme avoir pris conscience de ce qu'il s'était passé. "Je me suis retrouvé dans la voiture, je ne sais plus comment j'y suis arrivé. Puis je rentre chez moi", en direction de Lyon, à deux heures et demie de route, raconte-t-il.

Si Jean T. ne se souvient plus des faits, il peut en revanche détailler le mode opératoire demandé par le mari: se garer à l'écart, entrer dans la maison par la cour, se déshabiller dans la cuisine.

Interrogé sur sa non demande de consentement auprès de Gisèle Pelicot, il répond que "dans les relations libertines en général, c'est les hommes qui parlent, car ils ont un rôle protecteur. C'est les hommes qui viennent chercher car la femme, elle attend toujours". En écoutant ces paroles, Gisèle Pelicot fait une mimique dédaigneuse.

Mais pourquoi n'a-t-il pas porté plainte, s'il estime avoir été drogué, s'interroge une assesseure ? "Il s'agissait d'une mauvaise rencontre. On oublie tout et c'est fini", répond Jean T.

La rédaction avec AFP