Procès du "tueur de DRH": Gabriel Fortin s'enferme dans son mutisme et semble indifférent

Gabriel Fortin semble indifférent. Indifférent à la douleur des parties civiles, mais aussi au sort qui lui sera réservé. Celui qui est surnommé le "tueur de DRH" est jugé depuis le 13 juin à Valence pour les assassinats et la tentative d'assassinat de trois anciens DRH et une conseillère Pôle Emploi, au mois de janvier 2021.
Tout au long de la procédure, mais également depuis le début de son procès, l'accusé a fait le choix du silence. Les seules fois où il a accepté de prendre la parole, c'était pour évoquer ses licenciements, qu'il juge injustifiés.
Par conséquent, la cour d'assises de la Drôme a accéléré le calendrier et clos les débats ce lundi, annulant une journée d'audience consacrée initialement à l'interrogatoire de Gabriel Fortin.
"Je n'ai rien à dire"
En effet, le président a tenté de poser des questions à l'accusé, en vain. Les avocats, tour à tour, ont aussi essayé de comprendre les motivations de Gabriel Fortin, sans succès.
Il y a eu des questions directes: "Avez-vous assassiné Estelle Luce?". "Rien à dire", a-t-il répondu. L'avocat général a aussi tenté d'obtenir une réponse par un moyen détourné, car l'accusé note tout ce qu'il se passe. "Est-ce qu'il y a un papier qui vous aiderait pour me répondre?", a alors demandé le magistrat. "Non, je n'ai rien à dire", ajoute à nouveau Gabriel Fortin, qui se rassoit.
Jusqu'à la suspension d'audience, l'accusé ne s'est plus levé et n'a même plus répondu à son propre avocat. Il s'est contenté de ruminer dans le box. "Vous prenez le risque que l'on vous juge mal", l'a mis en garde son avocat, sans obtenir de réponse.
"Ce n'est pas humain"
Les parties civiles n'auront donc pas d'explications. Bertrand Meichel, le seul survivant du périple meurtrier, s'attendait à ce mutisme.
"Je n'avais pas d'espoir et d'attentes par rapport aux explications de M. Fortin, donc moi de ce côté-là, ça va, mais les personnes qui ont perdu un être cher, un enfant, ce n'est pas humain", souligne-t-il, la voix tremblante.
"Je pense que dans sa tête, il considère qu'il n'est responsable de rien, que personne n'est responsable de ces trois meurtres et je pense que pour lui, les autres êtres humains sont des Playmobil", ajoute Bertrand Meichel.
Les plaidoiries des parties civiles ont commencé ce lundi et se poursuivront ce mardi, toute la journée. Le réquisitoire est attendu mercredi matin et le verdict, sans doute dans la soirée. Les proches des victimes espèrent qu'il sera condamné à la peine maximale.
L'accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité
"Moi, j'attends une peine sans pitié parce qu'il n'a pas eu de pitié pour ses victimes, notamment pour ma soeur, qui lui a demandé de ne pas tirer et pourtant il n'a eu aucune hésitation. J'espère qu'il sera jugé sans circonstances atténuantes", déclare Avril Desplanches, la soeur de Géraldine Caclin, tuée le 28 janvier 2021.
Elle estime que l'accusé est dangereux et qu'il le restera. "Comme je l'ai dit quand j'ai été interrogée, je veux protéger ma famille le plus longtemps possible de ce danger. Vu comme il s'est construit, il n'y aura pas de deconstruction possible. Une réinsertion, c'est compliqué quand on n'a jamais été inséré. Moi, ça me fait peur pour ma famille." Gabriel Fortin, âgé de 48 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.