Procès en appel du féminicide de Julie Douib : la question de l'autorité parentale de Bruno Garcia

Les réquisitions de l'avocat général lors du procès de Bruno Garcia pour l'assassinat de Julie Douib, le 27 janvier 2023 - RMC
L’avocate générale a requis la prison à perpétuité contre Bruno Garcia assortie d’une peine de sureté de 22 ans en raison de la gravité des faits, la préméditation, la "dangerosité" de l’accusé et le risque de réitération. Au cours de ce procès "il n’a montré ni empathie, ni regrets", déplore Catherine Levy. "Pas une larme pour Julie, pas une larme pour Jordan, pas une larme pour Violetta, pas une larme pour Lucien, pas une larme pour ses fils", avait souligné Me Lia Simoni, avocate de la famille Douib.
"Il l’a tuée par jalousie par volonté de domination c’est un crime de destruction de pouvoir de soumission de l’autre", avait plaidé Me Jean Sebastien de Casalta, l’avocat des parents et du frère de Julie Douib.
"Il est allé chez Julie Douib armé. D’ailleurs, la veille ses enfants l’avaient vu tirer dans le jardin" rappelle la gendarme en tenue. "L’ainé avait entendu son oncle dire à son père 'ne fais pas ça pense à tes enfants, tu vas tout perdre'. Dès janvier 2019, l’accusé mettait en vente ses voitures sur le bon coin il donnait procuration de son compte bancaire, enfin il cherchait sur internet 'peine pour homicide' ainsi que 'partir en voyage en Thaïlande' et il avait confié les passeports des enfants à sa tante de cœur".
Ce vendredi après-midi la parole était à la défense, l’un des deux avocats de Bruno Garcia a demandé à la cour de personnaliser la peine:
"Julie elle l’avait choisi, elle l’aimait, explique Me Antomarchi elle l’a aimé jusqu’au bout. Elle ne l’avait pas choisi pour la noirceur elle n’aurait pas vécu 13 ans avec lui si tout n’avait été que noirceur. Elle n’aurait pas fait deux enfants avec ce monstre".
L'enjeu de l'autorité parentale
Au-delà de la peine de prison, l’autre enjeu de ce procès c’est la question de l’autorité parentale. Dès le premier jour, Bruno Garcia a dit qu’il se battrait pour eux. "Par mon geste je les ai punis", a reconnu l’accusé. "Les écarter de leur père c’est une deuxième punition." C’est un enjeu de "propriété", balaye Me Seatelli l’avocate des deux petits garçons.
Bruno Garcia a "utilisé ses enfants pour faire de Julie une femme au foyer docile, puis comme otages pour la punir. La souffrance des enfants tient en 4 mots", estime Me Francesca Seatelli: "Papa a tué maman."
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L’avocate convoque l’image de ces deux petits garçons. L’aîné a 14 ans, le cadet a 12 ans aujourd’hui, triste anniversaire pour ce petit garçon qui "est privé de l’amour de sa mère." Les deux garçons n’assistent pas à l’audience pourtant ils sont cœur des débats. Francesca Seatelli rappelle qu’ils ont assisté aux scènes de violences, d’humiliation d’insultes, l’aîné a ramassé l’assiette que Bruno Garcia a jeté au visage de Julie, il s’est interposé entre son père et sa mère. Le cadet a consolé sa mère.
"Il veut les récupérer pour que les Douib ne les aient pas". Et pourtant "leur famille maternelle est aujourd’hui leur refuge". Me Seatelli s’adresse à la cour : "Votre décision sera une base sur laquelle se reconstruire vous leur direz qu’ils sont des victimes avec leur mère". Sans la demander, elle plaide la déchéance de l’autorité parentale. Elle ajoute : "Je vous demande de les protéger de leur père, celui qui effacé leur enfance, celui qui a fait d’eux à perpétuité des fils d’assassin, à jamais des orphelins."