Soupçon de corruption à Fresnes: Arnaud Mimran et le directeur de détention devant la justice
Le procès dans l'affaire de corruption à la prison Fresnes s'ouvre ce mardi au tribunal judiciaire de Créteil. Parmi les prévenus, Arnaud Mimran, qui est connu pour être l'instigateur de l'arnaque à la taxe carbone, une fraude colossale à la TVA sur le marché des droits à polluer, qui a fait l'objet d'un documentaire à succès sur Netflix.
Il est jugé aujourd'hui pour corruption aux côtés de deux autres détenus de Fresnes et du directeur de détention. Les trois prisonniers sont soupçonnés d'avoir bénéficié d'un régime de détention privilégié grâce aux faveurs du chef de l'une des divisions de Fresnes.
"Ici, en vérité, c'est la meilleure taule"
Ce chef de détention, Khalid El Khal, était surnommé "Oui Oui" à Fresnes. Il pouvait classer les incidents, obtenir des permissions de sortie et faciliter les aménagements de peine de ses protégés.
En 2017, il fait l'objet d'un signalement de l'administration pénitentiaire. Son téléphone et sa voiture sont placés sur écoute. Les policiers captent alors plusieurs transactions en liquide avec un ex-détenu. 5.000 euros en cash au total.
Grâce à lui, Arnaud Mimran disposait de plusieurs portables, de parloirs élargis, et il pouvait même recevoir dans sa cellule. Sur écoute, l'escroc à la taxe carbone s'émerveille de tous ses avantages : "Ça change tout hein. Je fais ce que je veux. Ici en vérité, c'est la meilleure taule".
Il avait même obtenu du chef de division accusé de corruption son transfert au Havre. Et se vantait de son statut VIP pour "very important prisonnier".
L'avocat du directeur de détention dément toute faveur
Des faveurs que le prévenu conteste "vigoureusement", comme l'explique son avocat Me Philippe Ohayon ce mardi en direct sur RMC. Il reconnaît en revanche une faute "déontologique" d'avoir accepté 1.500 euros d'un ancien détenu, mais "aucune faute pénale".
"Il a le sentiment d'avoir trahi son institution, ses collègues. Il a été incarcéré et le soir de son incarcération, il a fait une tentative de suicide", note-t-il.
En revanche, l'avocat estime que les mots d'Arnaud Mimran sont une "fanfarronnade" classique de détenus. "Il n'y a aucun lien entre une quelconque faveur et M. El Khal", assure-t-il.