Soupçons de financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy: les grandes dates de l’affaire

Nicolas Sarkozy le 25 août 2023 - CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Voici les grandes dates de l'affaire des soupçons de financement libyen de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy, dans laquelle 12 prévenus, dont l'ex-chef de l'État et trois anciens ministres, doivent être jugés à partir de lundi 6 janvier devant le tribunal correctionnel de Paris.
2012: les révélations
En 2012, des accusations de financement libyen de la campagne de Nicolas Sarkozy pour l'élection présidentielle de 2007, lancées l'année précédente par le fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam, se précisent: Mediapart publie une note affirmant que Tripoli aurait, en 2006, donné son accord pour un financement de 50 millions d'euros. Nicolas Sarkozy porte plainte. Une instruction pour "faux" se soldera par un non-lieu, définitif en 2019.
Printemps 2012: l'enquête
Le 3 mai 2012, l'ex-Premier ministre libyen al-Baghdadi al-Mahmoudi, emprisonné en Tunisie, affirme, selon des propos rapportés par ses avocats tunisiens, que la Libye a bien financé la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy. Dans la soirée, un avocat français disant également le représenter dément les propos de ses confrères tunisiens.
En décembre, l'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine affirme devant un juge détenir des preuves de ce financement libyen. Le 19 avril 2013, le parquet de Paris ouvre une information judiciaire contre X.
Fin avril, le Canard enchaîné révèle qu'une perquisition chez l'ex-ministre de l'Intérieur Claude Guéant a permis de découvrir un versement de 500.000 euros depuis l'étranger. Claude Guéant justifie cette somme par la vente de deux tableaux de maître en 2008. Le 7 mars 2015, l'ancien ministre est mis en examen pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée.
2016: nouvelles accusations
En 2016, le carnet de Choukri Ghanem, ancien ministre libyen du Pétrole mort quatre ans plus tôt, est transmis aux enquêteurs. Il mentionne trois versements en 2007 destinés à Nicolas Sarkozy, totalisant au moins 6,5 millions d'euros.
Le 15 novembre, Ziad Takieddine affirme, dans une vidéo publiée par Mediapart, avoir remis cinq millions d'euros en liquide, provenant de Libye, en 2006 et 2007 à Nicolas Sarkozy et Claude Guéant. En 2020, M. Guéant fera condamner Ziad Takieddine pour diffamation.
Ce dernier est mis en examen le 7 décembre 2016, notamment pour complicité de corruption et de trafic d'influence. Le 8 janvier 2018, l'homme d'affaires franco-algérien Alexandre Djouhri, soupçonné d'avoir servi d'intermédiaire, est arrêté à Londres. Extradé vers la France, il sera mis en examen notamment pour corruption active deux ans plus tard.
2018: mises en examen
Le 21 mars 2018, Nicolas Sarkozy est mis en examen pour corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds publics libyens. Le 29 mai, Eric Woerth, ancien trésorier de la campagne, est à son tour mis en examen, pour complicité de financement illégal.
Les juges aggravent les charges contre Claude Guéant, le 11 septembre, avec de nouvelles mises en examens notamment pour corruption passive. Le 16 octobre 2020, Nicolas Sarkozy est à nouveau mis en examen, cette fois pour "association de malfaiteurs". Deux mois plus tard, Claude Guéant et un autre ex-ministre, Brice Hortefeux, le seront à leur tour pour ce même motif.
2020: subornation de témoin
Le 11 novembre 2020, Ziad Takieddine, en fuite au Liban, dédouane dans la presse française l'ex-chef de l'Etat et accuse l'ancien juge d'instruction chargé du dossier, Serge Tournaire, d'avoir déformé ses propos.
Mais, auditionné à Beyrouth par les juges français le 14 janvier 2021, Takieddine incrimine à nouveau l'ex-chef de l'Etat. Une information judiciaire est ouverte en juin 2021 pour subornation de témoin et association de malfaiteurs concernant la rétractation temporaire de Takieddine. Une douzaine de personnes sont mises en cause à des degrés divers dont Nicolas Sarkozy, Carla Bruni-Sarkozy et la reine de la presse people, Mimi Marchand.
2021: fin des investigations
Fin 2021, la Cour de cassation balaie le dernier recours procédural déposé par Nicolas Sarkozy. Le 21 octobre 2022, les juges d'instruction bouclent leur enquête.
Le 24 août 2023, deux magistrates financières signent le renvoi de l'ex-président devant le tribunal correctionnel. Il sera jugé aux côtés de 11 autres personnes dont les trois anciens ministres Claude Guéant, Brice Hortefeux et Éric Woerth du 6 janvier au 10 avril 2025 à Paris.