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Tariq Ramadan condamné pour viol: "Il a trompé son monde", la victime témoigne sur RMC

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EXCLU RMC. Après la condamnation en appel de Tariq Ramadan pour viol en Suisse, la victime, Brigitte, témoigne ce mercredi dans Apolline Matin.

Tariq Ramadan condamné pour viol. La justice suisse a infligé trois ans de prison ce mardi à l'islamologue, dont un an ferme. Accusé par plusieurs femmes en Suisse et en France, c'est la première fois qu'il est condamné pour viol. Acquitté en première instance en mai 2023, l'homme de 62 ans a finalement été reconnu coupable de "viol et de contrainte sexuelle" par la chambre pénale d'appel et de révision de Genève. Il a également été condamné à verser 25.000 francs suisses à la plaignante, soit environ 27.700 euros. Tariq Ramadan va désormais recourir au Tribunal fédéral, ont indiqué ses avocats suisses. "Il reviendra au Tribunal fédéral d'arbitrer cette affaire, de ramener la justice dans son sillon et restituer l'innocence d'un homme", ont affirmé Me Yaël Hayat et Me Guerric Canonica, dans une déclaration à l'AFP.

Brigitte (nom d’emprunt), la plaignante dans cette affaire en Suisse, témoigne dans Apolline Matin ce mercredi sur RMC et RMC Story. "Je redescends doucement de la tension de cette année de folie, de menaces de mort, ponctuées de cambriolages… Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas encore sues. C’est un très grand soulagement bien sûr. J’ai toute la tension qui est en train de redescendre. Je suis assez fragile pour le moment. J’espère que je vais reprendre du poil de la bête", confie-t-elle. Des menaces qui ont aussi visé d’autres personnes qui ont suivi l’affaire. "Il n’y a pas que moi qui ai eu des menaces de mort, explique Brigitte. Les juges, les journalistes, les avocats, pour qui j’ai tremblé pendant des années, ont eu des menaces, ont été intimidées. Pourquoi? C’est une question à laquelle on n’a pas encore répondu."

L'invitée du jour : Brigitte - 11/09
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"On aurait tellement voulu croire en son discours"

Pour Brigitte, c’est la plainte déposée par Henda Ayari, la première femme qui a dénoncé les agissements de Tariq Ramadan, qui a servi de déclencheur. "Il fallait une Henda Ayari. Nous étions déjà percutées. J’ai déjà un peu persécutée depuis 2008, mais personne n’osait. Il a fallu la plainte de madame Henda Ayari pour que ça suive", souligne-t-elle. Tariq Ramadan avait alors une certaine image et une stature en Suisse ainsi qu’en France. "En Suisse, c’était plutôt l’humaniste, tiers-mondiste, un peu le Robin des Bois, explique Brigitte. Lorsque j’ai déposé plainte et qu’il y a eu tout ce mouvement en sa faveur, j’ai été très complaisante, compréhensive. J’ai même dit que j’aurais très certainement fait partie des personnes qui l’auraient défendu, du moins au début. Je peux très bien comprendre ça. Il a trompé son monde. On aurait tellement voulu croire en son discours. Il a une formidable rhétorique, il présente bien, il est charmant, et il sait vraiment dire ce qu’on veut entendre."

Mais un autre visage est ensuite apparu. "C’est pathologique, estime Brigitte. Je me suis refait le film des milliards de fois, en me demandant ce que j’avais bien pu faire… Jusqu’à ce que je doive me rendre à l’évidence, que je n’avais rien fait. En fait, j’étais un alibi. C’était moi mais ça aurait pu être quelqu’un d’autre. Rien n’a déclenché ce changement brutal." En France, Tariq Ramadan est accusé de viols par trois femmes. Des faits qui auraient été commis entre 2009 et 2014.

Laurent Picat Journaliste RMC