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Police-Justice

Tir de LBD sur Hedi: ce qu'il faut attendre de l'audience du policier en détention provisoire

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La cour d'appel d'Aix-en-Provence va examiner ce jeudi la demande de remise en liberté du policier accusé d'avoir tiré au flash-ball dans la tempe du jeune Hedi, 22 ans. Une audience qui va avoir lieu sur fond de contestation dans les rangs policiers depuis deux semaines avec certains qui n'acceptent pas de voir un collègue en détention provisoire.

Dès 8h30 ce jeudi matin, une audience va avoir lieu à la cour d’appel d’Aix-en-Provence dans le dossier du policier mis en examen pour violences en réunion pendant les émeutes en juillet dernier à Marseille.

Il est accusé d’avoir effectué un tir de flash-ball dans la tempe du jeune Hedi, 22 ans, à l’origine de graves blessures au crâne, pendant les émeutes. Le jeune homme accuse aussi les agents de l’avoir roué de coups. Le policier conteste son placement en détention provisoire qui avait par ailleurs provoqué il y a deux semaines un mouvement de contestation dans les rangs de la police.

Alors si cette audience est attendue, c’est parce que les enjeux sont importants des deux côtés. Le parquet général a requis, sans surprise, le maintien en détention provisoire. Sans doute pour les deux motifs juridiques qui ont été retenus, sur les sept possibles: le risque de pression sur la victime, ses proches et les témoins de la scène. Autre motif, empêcher toute concertation frauduleuse entre les quatre autres policiers mis en examen.

Hedi ne comprend pas le soutien apporté aux policiers

Par ailleurs, selon une source proche du dossier, un autre élément a pu peser dans la balance. Durant sa garde à vue, l’agent incarcéré a affirmé n’avoir aucun souvenir de la scène et ne pas se reconnaître sur les images de vidéosurveillance. Des dénégations répétées du policier, qui avait pourtant été identifié grâce à son t-shirt, comme étant l’auteur du tir de LBD.

De son côté, Hedi insiste. Il veut croire en la justice et n’en veut en “aucun cas” à la police entière, selon ses mots. Mais le jeune homme, qui a rendez-vous début septembre en vue d’une nouvelle opération, peine toujours à comprendre l’important mouvement de soutien, aux policiers mis en cause.

“Si ça avait été un citoyen français lambda, il serait déjà en prison et on n’en parlerait déjà plus. Je pense qu’ils ont tort. Ça reste à leur prouver parce qu’ils ont besoin de voir les choses, d’entendre les choses pour y croire, pour comprendre qu’il y a certains moutons noirs qu’il faut écarter du troupeau”, explique-t-il.

Pas de pression des syndicats?

Car du côté de la police, les arrêts-maladies sont en baisse, mais la fronde reste importante. Pour autant, aucun rassemblement n’est prévu tout à l’heure. Bruno Bartoccetti, responsable du syndicat Unité SGP Police dans le Sud de la France, appelle au calme, et à laisser travailler la justice.

“Nous ne tentons pas de mettre une pression sur la justice, nous tentons de faire évoluer les lois. Donc le rassemblement n’aura pas lieu, ça ne rendrait pas service à notre collègue. Nous ne sommes pas dans l’émotion ou dans l’affectif. Il faut qu’on soit organisé, pragmatique, technique et qu’on approche le juridique de manière professionnelle. C’est ce que nous faisons aujourd'hui au sein d’Unité SGP Police”, appuie-t-il.

Les juges devront aussi examiner, toute à l’heure, l’appel d’un des trois autres policiers mis en examen, qui conteste quant à lui son placement sous contrôle judiciaire.

Mathieu Limongi avec Guillaume Descours