"Tout le tribunal a envie de te violer": les magistrats pointés par une étude sur les violences sexuelles

Ils incarnent la loi dans les tribunaux. Et pourtant, ils sont loin d'être exemplaires. Les magistrats sont pointés du doigt pour des faits de violences sexistes et sexuelles au sein de l'institution. C'est une enquête du Syndicat de la magistrature publiée jeudi qui révèle l’ampleur de ces comportements. Sur les plus de 500 magistrats qui ont répondu au questionnaire, près de la moitié d'entre eux ont assuré avoir été témoins et/ou victimes de propos sexistes, et de violences sexuelles.
Ce questionnaire diffusé à plus de 9.000 magistrats et auditeurs de justice a reçu 525 réponses. 48 personnes se sont déclarées victimes de violences sexistes et sexuelles, soit 9,14% du total des personnes ayant répondu, et 78 se sont déclarées témoins de tels faits, soit 14,8%. 82,5% des victimes sont des femmes et près de 90% des auteurs sont des hommes.
Un sexisme qui serait ambiant et systémique au sein même de l'institution judiciaire. "Un magistrat s'est adressé à une de ses collègues en disant: 'Tu te rends pas compte mais tout le tribunal a envie de te violer'. Mais aussi des témoignages homophobes du style: 'Elle est gouine mais elle est compétente quand même'", explique Nelly Bertrand, secrétaire générale du SNM, qui a recencé des centaines de témoignages anonymes.
Des propos prononcés dans 90% des cas par des hommes, et subis majoritairement par des femmes. Quant aux violences sexuelles, 9% des répondants disent en avoir été victimes, de la main sur la cuisse à l'exhibition d'un sexe en érection.
"Dans plus de 70% des cas, il y a un lien hiérarchique ou d'autorité entre l'auteur déclaré et la victime", rajoute Nelly Bertrand.
Que faire pour changer cela?
Au-delà des violences sexistes et sexuelles, des faits de harcèlement ont aussi été dénoncés, en plus grand nombre. 42,6% des répondants se sont déclarés témoins et/ou victimes, dans l'institution judiciaire, de propos ou comportements sexistes ou discriminatoires liés à l'orientation sexuelle.
Dans l'étude, une série de propositions pour lutter contre ces comportements est lancée comportant des formations, la créations de référents indépendants à qui se confier, et l'élaboration d'une procédure interne de signalement qui pourrait prendre la forme d'une plateforme en ligne. Car parmi les victimes ayant répondu, seul un quart ont signalé les faits, notamment de peur que cela nuise à l'évolution de leur carrière.