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Police-Justice

Un an après l'attaque de Viry-Châtillon, "l'inquiétude et la colère des policiers est toujours présente"

La carcasse d'une des voitures de police incendiées la nuit du 8 octobre 2016, à Viry-Châtillon.

La carcasse d'une des voitures de police incendiées la nuit du 8 octobre 2016, à Viry-Châtillon. - AFP

Le 8 octobre 2016, deux véhicules de police étaient pris d'assaut par un groupe d'individus cagoulés et munis de 13 cocktails Molotov, à Viry-Châtillon. Deux policiers en ressortaient gravement brûlés, deux autres plus légèrement. Un an après, une association de policiers organise ce dimanche un rassemblement devant la mairie de la ville, pour dénoncer le manque de moyens toujours criants dans la police.

Il y a un an jour pour jour, deux véhicules de police au bord desquels se trouvaient quatre policiers étaient la cible d'une attaque aux cocktails Molotov à Viry-Châtillon (Essonne), en lisière de la cité de la Grande-Borne (sur la commune voisine de Grigny). Deux agents étaient gravement brûlés. Cette agression avait fait naître un mouvement de colère inédit dans les rangs des policiers, avec de nombreuses manifestations spontanées. L'association le Mouvement des Policiers en colère (MPC), née des mobilisations de la fin d'année dernière, appelle à un rassemblement devant la mairie de Viry-Châtillon ce dimanche à 15h. "Pour nous, (cette attaque) a été la goutte d'eau, explique Maggy, la présidente du MPC. On a découvert que nous étions des milliers de collègues en colère, que ce n'était pas seulement en région parisienne mais que la souffrance de la police était présente sur tout le territoire".

"Effectifs, matériel, moyens… on demande toujours la même chose"

Maggy déplore que depuis, rien n'a changé pour les policiers. "Il n'y a pas d'après Viry, parce qu'il n'y a aucune réponse de notre hiérarchie. Effectifs, matériel, moyens… on demande toujours la même chose. Et la réponse pénale est aussi très importante. Il faut que la justice condamne les auteurs d'infractions à hauteur de ce qui est prévu par le code pénal. On ne peut pas banaliser les violences, surtout celles contre les forces de l'ordre". "Cette agression lâche avait provoqué une grande colère dans nos rangs. L'inquiétude est toujours présente, elle le sera toujours", poursuit Claude Carillo, délégué du syndicat Alliance en Essonne.

"Des blessures qui ne s'effaceront pas"

Si les policiers luttent pour obtenir plus de moyens, Vincent, l'un des deux policiers gravement blessés dans l'incendie de son véhicule, se bat pour se remettre sur pied. Il doit encore subir une greffe de peau du visage. "Il a encore un parcours très long mais il s'en sort, explique le professeur Maurice Mimoun, qui le suit depuis le début à l'hôpital Saint-Louis. Il y aura des séquelles, mais on va les limiter au maximum. Il est très courageux". Les trois autres policiers ont repris le travail, loin de Viry-Châtillon. Mais le traumatisme est encore bien présent. "Ils ont vécu le stade ultime de la barbarie, rappelle leur avocat Maitre Laurent-Franck Lienard. Les images qu'ils ont vues sont marquées à jamais. Il y a aussi des traces de blessures, des traces qui ne s'effaceront pas".

Du côté de l'enquête, après une quarantaine d'interpellations, 17 personnes, âgées de 16 à 21 ans lors de l’attaque, ont été mises en examen pour "tentative de meurtre sur personne dépositaire de l’autorité publique". Douze sont en détention provisoire. Selon le procureur d’Évry, la plupart appartiennent à une même bande et viennent du quartier de la Grande-Borne. Plusieurs doivent être prochainement convoqués pour de nouvelles auditions et les premières confrontations.

Des renforts, mais toujours pas de commissariat

L'Essonne a reçu les renforts policiers promis après l'attaque d'octobre 2016 à Viry-Châtillon, mais un commissariat de plein exercice dans la commune limitrophe de Grigny se fait toujours attendre. Entre mai 2016 et mai 2017, 111 gardiens de la paix supplémentaires ont été affectés dans le département, selon les chiffres fournis en juillet par la direction départementale de la sécurité publique.

P. G. avec Marion Dubreuil