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Police-Justice

"Un policier en fonction n'est pas un délinquant ordinaire", juge le commissaire David Le Bars

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Invité de RMC et BFMTV ce mercredi, le commissaire David Le Bars fait la différence entre la faute d'un policier, celui de Marseille placé en détention provisoire, et les agissements de voyous. Et selon lui, le soutien du patron de la police nationale à l'agent incarcéré a l'aval de la plus haute classe politique dirigeante.

Dans les rangs de la police marseillaise, la colère gronde toujours. Les policiers de la cité phocéenne multiplient les arrêts-maladies, protestant contre le placement en détention provisoire d'un des leurs, soupçonné de violences en réunion contre un jeune, laissé pour mort pendant les émeutes.

L’ensemble des fonctionnaires de la BAC de la ville a ainsi arrêté le service. Les activités des agents sont considérablement ralenties dans le département. Si les interventions d’urgences restent traitées, les patrouilles sont moins nombreuses et les délais d'attente rallongés pour le 17.

"Le considérer comme un policier qui a commis une faute dans le cadre d'une mission"

Invité de RMC et BFMTV, le secrétaire général du syndicat des commissaires David Le Bars élude toute fronde: "Ce n'est pas une fronde parce que ce n'est pas contre qui que ce soit, ni contre la justice, ni contre la police".

"C'est une contestation du fait qu'un policier, quand il est dans l'exercice de sa mission, même s'il a commis des fautes, il faut le considérer comme un policier qui a commis une faute dans le cadre d'une mission. Ce n'est pas un voyou qui est sorti de chez lui pour aller commettre des infractions", plaide le policier.

"Il ne s'agit pas de contester que la justice passe, il s'agit de considérer qu'un policier en fonction, ce n'est pas un délinquant ordinaire", ajoute David Le Bars. De quoi remettre en cause donc le placement en détention provisoire du policier marseillais suspecté de violences en réunion.

Ce placement en détention provisoire, le directeur général de la police nationale Frédéric Veaux s'en est lui aussi ému dimanche: "Le savoir en détention provisoire m'empêche de dormir (...) Avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison", a-t-il assuré au Parisien. Le directeur général de la police nationale a reçu le soutien du préfet de police de Paris Laurent Nuñez.

La sortie de Frédéric Veaux soutenue en coulisses par l'exécutif?

Une prise de position qui n'a entraîné aucune réaction du côté de l'exécutif. Le président de la République Emmanuel Macron a dit comprendre la colère des policiers, en rappelant que "nul n'était au-dessus des lois". Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, lui, se mure dans le silence.

Et cela pour une bonne raison, selon le commissaire David Le Bars. Pour lui, Frédéric Veaux a parlé pour l'exécutif: "Si ce n'était pas une parole venue d'en haut, cette parole aurait été contestée. Or, je constate que le DGPN, qui est un homme intègre et a une expérience immense au sein de la police, a pu parler, non pas avec le soutien du président de la République, mais avec la confiance du ministre, lui-même soutenu par le chef de l'Etat", estime le commissaire.

G.D.