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"Une personne âgée oubliait le gaz allumé": le témoignage du fils d'une victime de la rue de Tivoli

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TEMOIGNAGE RMC. Bruno, le fils d'une victime de l'effondrement d'un immeuble dans la nuit de samedi à dimanche à Marseille, rue de Tivoli, explique que des problèmes liés au gaz étaient déjà survenus avant le drame.

Sa mère et son beau-père habitaient au rez-de-chaussée, au 17 rue de Tivoli. Bruno Sinapi est le fils d’Anna, l’une des personnes qui se trouvaient dans l’immeuble qui s’est effondré dans la nuit de samedi à dimanche à Marseille, avec son conjoint, Jacky. "Je suis né en 1960, nous sommes venus habiter dans le quartier en 1968, raconte-t-il au micro de RMC ce mardi. Et j’ai des choses à dire parce que j’entends beaucoup trop d’âneries." Il réagit notamment à des informations parues dans la presse locale, pointant l'appartement du rez-de-chaussée. Alors que la piste du gaz est explorée par les enquêteurs, il y avait déjà eu des problèmes, selon lui, avec une voisine du 1er étage, âgée, qui oubliait de fermer le gaz.

"La question du gaz et de l’explosion provient tout simplement d’une problématique liée à l’habitante du 1er étage, une personne âgée que je connaissais et que j’aimais beaucoup, qui devenait sénile et qui malheureusement se réveillait la nuit, se faisait à manger et oubliait le gaz allumé, explique Bruno. Ma mère s’occupait d’elle. Récemment, pour éviter tout risque, ils lui avaient acheté une cuisinière électrique, pour éviter les problèmes de gaz. Sauf que cette dame, dans sa sénilité, préférait toujours utiliser le gaz."

"Mon beau-père est monté en pleine nuit, plusieurs fois, parce que ça sentait le gaz"

D’après Bruno, sa mère et son beau-père étaient déjà intervenus chez cette personne âgée. "Mon beau-père est monté en pleine nuit, plusieurs fois, parce que ça sentait le gaz, assure-t-il. Il a tapé à la porte et lui a dit: ‘Vous avez oublié le gaz’. J’allais voir mes parents vers midi, pour manger avec eux. Au moment des repas, je ne sentais pas le gaz. C’était surtout la nuit qu’il y avait des problèmes. Le jour, il y avait toujours quelqu’un qui essayait de venir la voir. Ma mère montait, mon beau-père aussi, fréquemment, parce qu’elle n’arrêtait pas de mettre sa télévision en panne, qu’elle se trompait de bouton... Dans la journée, il y avait beaucoup moins de risques. Le risque était la nuit. Il aurait fallu que cette personne soit prise en charge, d’une manière ou d’une autre."

Et Bruno est "en colère" contre l’absence d’une solution pour cette dame âgée. "Certaines instances ont été avisées et n’ont pas jugé utile de faire le nécessaire, et ont préféré laisser cette femme dans la détresse de sa sénilité. Les services sociaux ont été avisés. Je sais qu’ils se sont déplacés, par mes parents et un bénévole de l’association des Petits frères des pauvres. Il doit y avoir un trimestre, c’était récent. Je suis en colère contre toutes les autorités, qui devront répondre de ces carences. C’est à elles de se reconnaitre. Je ne suis pas là pour les accuser. J’attends seulement qu’une fois, ces gens-là prennent leurs responsabilités au lieu de se cacher derrière leurs mains."

"Certains services n’ont pas fait leur boulot"

"Personne (dans cet immeuble) n’est responsable de quoi que ce soit, poursuit Bruno. S’il y a un responsable, ce sont les personnes qui n’ont pas pris leurs responsabilités en temps voulu pour aider cette personne qui était dans le besoin. Les habitants de l’immeuble n’ont aucune responsabilité, ni cette personne âgée. Comme disent certains politicards, coupable mais pas responsable. Elle est peut-être coupable d’avoir utilisé le gaz, mais elle n’en est pas responsable puisqu’elle était sénile."

"Moi, j’ai toujours pris mes responsabilités, lance Bruno. Si je dis que des gens vont payer, ils payeront d’une manière ou d’une autre. Ce n’est pas une question d’honneur. Certains services n’ont pas fait leur boulot. Il y a un quartier qui est dans la détresse. Tout ça par la faute de quelqu’un ou quelqu’une qui n’a pas fait son boulot. Je suis dégoûté et haineux envers les gens qui ne prennent pas leurs responsabilités et qui chercheront à se cacher, mais je les débusquerai." Sollicités par RMC, les services sociaux n'ont pas répondu. Le parquet de Marseille confirme à RMC que Bruno Sinapi a déposé plainte pour "homicide involontaire", à l'issue de son audition.

Le neveu de cette habitante du 1er étage a affirmé, au micro de RMC, que sa tante n'était pas sénile.

LP avec Nicolas Traino