Violences policières: "Il faut comprendre pourquoi il y en a autant", défend l'avocat Arié Alimi

À l'appel de plusieurs partis de gauche et d'extrême gauche, 80 manifestations sont prévues ce samedi un peu partout la France pour dénoncer "les violences policières" et "le racisme systémique".
À Paris, l'avocat Arié Alimi, membre du bureau national de la Ligue des droits de l’homme qui défend des victimes de violences policières, compte bien battre le pavé. Mais pas question pour lui de reprendre le slogan "Tout le monde déteste la police", parfois entendu dans de tels rassemblements: "Il y a des mots qui peuvent blesser les policiers mais nous devons comprendre pourquoi il y a autant de violences policières et pourquoi il y a autant de personnes dans la rue depuis un certain nombre d'années", explique-t-il dans "Apolline Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story.
Pourtant, il y a bien un sujet lié aux violences policières, insiste l'avocat: "On refuse d'utiliser le mot en disant que ça n'existe pas parce que cela signifierait que les violences policières soient quelque chose de systémique", assure l'auteur de "L’Etat hors-la-loi, logiques des violences policières".
Des violences policières issues de l'expérience coloniale?
Mais pour Arié Alimi, il existe plusieurs types de violences policières, qui ne seraient pas des incidents ponctuels mais bien la résultante "de méthodes et pratiques qui les encadrent sur l'expérience de l'administration coloniale française et sa gestion policière des populations 'indigènes'", assure-t-il dans son livre.
Des violences systémiques donc et des violences qui seraient aujourd'hui mise au service de l'exclusion des habitants des quartiers populaires. L'avocat en veut pour exemple les brigades anti-criminalité (BAC) créées par le préfet Pierre Bolotte, ancien administrateur colonial en Algérie et en Indochine où il y fit "de la pacification sans se soucier du sort de la population", selon ses propres mots.
"Il n'y a pas qu'une responsabilité individuelle. Le policier qui tire sur Nahel ou celui qui met des coups de matraque sont déterminés par ce qu'on leur demande de faire ou l'arme qu'on leur met dans les mains", insiste Arié Alimi.
Le rejet du "monopole de la violence légitime"
L'avocat rejette tout "monopole de la violence légitime" dont bénéficierait l'Etat et la police: "A chaque fois que les policiers vont user de la violence, ils seraient dans une légitimité. Mais quand on regarde le code pénal, l'usage de la violence est systématiquement une infraction, qu'on soit policier ou non. Ensuite, il y a éventuellement un fait justificatif comme la légitime défense", précise Arié Alimi.
À Paris samedi, entre 4.000 et 6.000 personnes sont attendues par les services de renseignement, dont 200 à 400 "éléments à risque". De quoi laisser aux préfets le choix d'interdire ou non certaines manifestations, un souhait porté par le syndicat de police Alliance, proche de la droite voire de l'extrême droite et que le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin n'a pas exclu jeudi sur RMC et BFMTV.