RMC
Politique

Abrogation, modifications, suspension: la réforme des retraites va agiter l'Assemblée nationale

placeholder video
Tout juste nommé Premier ministre par Emmanuel Macron, Michel Barnier va devoir gérer un dossier compliqué et hasardeux avec la réforme des retraites. L'Assemblée nationale apparaît plus divisée que jamais sur le sujet.

Abrogation, gel, modifications... Une chose est sûre, la réforme des retraites ne sortira pas indemne de la séquence politique actuelle. C'est un des nombreux dossiers sensibles sur le bureau de Michel Barnier. Dès vendredi, le nouveau Premier ministre a déclaré vouloir "ouvrir le débat" pour une "amélioration" de la réforme de 2023. Sans pour autant "tout remettre en cause", et tout en "respectant le cadre budgétaire".

Lorsqu’il était candidat à la primaire des Républicains en 2021, Michel Barnier défendait la retraite à 65 ans. Aujourd’hui, celui qui a hérité de Matignon à 73 ans dit avoir "la culture du compromis dynamique".

Des divergences de toute part

Dans le camp du président, l'ex-majorité alerte sur une potentielle abrogation. Elle coûterait 14 à 20 milliards d’euros par an à l’horizon 2030, selon les députés macronistes. Cela va bien sûr peser dans le débat avec les multiples alertes sur les comptes publics de ces derniers jours.

À gauche, la ligne est toujours la même. Le Nouveau Front populaire, qui promettait une abrogation pure et simple de la réforme, souhaite le retour à 62 ans. Quand Michel Barnier parle "d’amélioration" de la réforme, il dit vouloir le faire avec les partenaires sociaux. Mais pour la CFDT, il faut suspendre l’application de la réforme des retraites.

"Le décalage de l'âge, c'est le levier le plus injuste. Aujourd'hui, le monde du travail doit prendre à bras le corps ces questions de pénibilité, d'augmentation des risques", a-t-elle déclaré sur France Info.

Marylise Léon a relancé le projet initial, celui du quinquennat précédent que soutenait son syndicat, avec une retraite par points.

Le RN reste attentif

Pour le Rassemblement national, Michel Barnier est "sous surveillance". Le RN continue de plaider pour un départ en retraite plus tôt pour ceux qui ont commencé à travailler jeunes. Sur BFMTV dimanche, le député Jean-Philippe Tanguy a bien réaffirmé l’opposition de son parti au texte: "Cette réforme a deux problèmes très importants. C'est une injustice sociale, mais aussi une réforme qui coûte aujourd'hui de l'argent".

Le Rassemblement national proposera le 31 octobre de revenir à 62 ans, dans le cadre de sa niche parlementaire. Si Michel Barnier ne veut pas revenir sur la réforme, il s’expose à ce vote, auquel pourraient se joindre les députés du NFP, ou à un texte NFP voté par le RN.

La Caisse nationale d’assurance vieillesse a également son mot à dire dans ce débat. Son directeur général ne fait pas de politique, mais il a prévenu que ses équipes auront besoin de temps si des changements ont lieu. Revenir sur les 64 ans pourrait faire beaucoup de départs d’un coup.

Le Conseil d’orientation des retraites commencerait à faire des calculs, mais les bases de ces derniers sont inconnus pour le moment. Le flou reste finalement entier concernant le dossier des retraites.

Matthieu Belliard (avec T.R.C.)