"Bâillonnés", "contrôlés"... Certains ministres peu médiatiques ont un "coup de blues"

Chez certains ministres, le moral n’est pas au beau fixe. Une ministre parle même de “vague à l’âme” chez certains de ses collègues. “Ils multiplient les consultations, mais ont le sentiment que derrière ça ne donne rien”, dit-elle.
Au fond, ils trouvent qu’on ne leur laisse pas assez de place. Il y a eu la séquence des retraites, mais pour cette secrétaire d'État "même quand il pourrait y avoir de l'actu, les sujets n'existent pas". On les voit un peu plus sur le terrain pourtant. Le ministre de la Santé, François Braun, dévoilait mercredi la “boite à outil du CNR santé” mais pour les grandes annonces, il faudra attendre. Le Plan Eau de Christophe Béchu, c’est Emmanuel Macron qui l’a présenté fin mars dans les Hautes-Alpes. La réforme du lycée professionnel, c’est encore lui, ce jeudi qui le présentera en Charente-Maritime, accompagné, quand même, des ministres concernés.
Sur fond de pression des 100 jours et de remaniement à court-moyen terme, certains tentent le tout pour le tout. Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture, a peut-être sauvé sa peau en répondant micro à la main en pleine cérémonie des Molières à des militantes de la CGT. “Si on est obligé de faire des coups d’éclat pour exister, c’est dommage”, regrette un conseiller.
Une communication trop centralisée?
Et certains ministres se sentent carrément freinés. Un conseiller de l'exécutif va plus loin. “On les empêche de sortir, on fait tout pour les bâillonner”, estime-t-il. Certains pointent la responsabilité de Matignon, devenu “un barrage filtrant” selon un conseiller ministériel.
Il faut le rappeler, Matignon a la charge de coordonner la communication entre tous les ministères, pour ne pas que les uns et les autres se marchent dessus. Mais un membre du gouvernement estime qu’Élisabeth Borne a “le syndrome de la trop bonne élève”, alors sans même le vouloir, “elle ne délègue pas assez” et cela empêche d’avoir “des ministres forts”. De son côté, Matignon s’en défend. “On n’a jamais empêché de prendre des risques et il a été expressément demandé de se déplacer”, indique-t-on.
Certains ne se font pas prier. Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Gabriel Attal, eux, sont très présents. Pour un conseiller de l’exécutif seuls ces poids lourds de l’exécutif parviennent à contourner “le barrage filtrant” de Matignon.