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Bras d’honneur à l’Assemblée: Eric Dupond-Moretti, vraiment pas un ministre comme les autres

Eric Dupond-Moretti, le ministre de la Justice, a répondu à un député par des bras d’honneur ce mardi en pleine séance à l’Assemblée nationale. Il s’est ensuite excusé.

L'Assemblée nationale a vécu un nouveau psychodrame ce mardi après-midi. Le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti a reconnu avoir fait un bras d’honneur à un député. Il a ensuite présenté ses excuses. Le président du groupe LR Olivier Marleix venait de rappeler que le garde des Sceaux a été mis en examen. Le ministre lui a alors répondu par ce geste grossier. Puis il s’est expliqué, ou plutôt il a essayé de s'expliquer, interrompu par la présidente de séance, stupéfaite…

C'était des bras d’honneur à la présomption d’innocence, a donc expliqué le garde des Sceaux avant de présenter des excuses… Tout cela a donné lieu à des interruptions de séance et à des hurlements. Le groupe LR demande maintenant à avoir accès aux images des caméras de l'Assemblée, pour que l’on puisse voire exactement ce qui s’est passé.

L’épisode montre une nouvelle fois qu’Eric Dupond-Moretti n’est pas un ministre comme les autres… Il n’est pas un politique, il n’est pas du sérail, il n’a pas peur du conflit, ni de la violence verbale. Et il est certainement le seul ministre capable de faire des bras d’honneur en plein hémicycle.

Avant d'être ministre, il avait juré qu’il ne le serait jamais, expliquant longuement qu’il n’en avait pas les compétences. Avant d'être ministre, il était surtout l’avocat pénaliste le plus célèbre de France, connu pour avoir obtenu 145 acquittements pour ses clients.

Maintenu à son poste à l'arrivée d'Elisabeth Borne

Sa nomination en juillet 2020 a été une énorme surprise. Aussitôt contesté par des associations féministes parce qu’il n’a pas la réputation d'être très sensible à la cause des femmes. Aussitôt contesté par les défenseurs des animaux parce qu’il aime la chasse et la corrida. Mais surtout, sa nomination a rendu furieux les syndicats de magistrats qui ont parlé d’une déclaration de guerre.

Et de fait, le ministre de la Justice est en guerre contre un certain nombre de magistrats. Il n’a jamais caché détester le corporatisme des juges. Il a dénoncé cette institution de "faux-culs", ce petit monde de l’entre soi…

Mais c’est surtout son conflit avec le Parquet national financier qui a retenu l'attention. Juste avant d'être nommé place Vendôme, il avait porté plainte contre des juges qui l'avaient placé sur écoute. A peine nommé garde des Sceaux, il a ordonné une enquête contre ces mêmes juges. Il a donc été accusé d’avoir utilisé ses fonctions de ministre pour régler des comptes personnels. Mis en examen, il est renvoyé devant la Cour de justice de la République. Il conteste les accusations et fait valoir qu’il était obligé de demander cette enquête contre les juges. Mais un garde des Sceaux mis en examen et en attente d’un procès, ce n'était jamais arrivé sous la Ve République…

Emmanuel Macron voulait un ministre qui détonne, il a été servi. Lors de la nomination d'Elisabeth Borne, on s’attendait à ce qu’Eric Dupond-Moretti fasse partie des sortants. Pas du tout. Il a été confirmé, malgré ses emportements, ses coups de gueule, ses gaffes ou ses fautes politiques. Ses fautes, parmi lesquelles il faut désormais ranger l’affaire des bras d’honneur à l'Assemblée…

Nicolas Poincaré