RMC
Politique

"Bruno Le Maire, un bon ministre": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

placeholder video
Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, a quitté Bercy ce jeudi en organisant un grand pot de départ. L’avis tranché de l'écrivain et éditeur Arthur Chevallier ce vendredi matin sur RMC, c’est qu’il a finalement été un bon ministre, avec un style bien à lui.

Un pot de départ et la fin d’un règne au ministère de l’Economie et des Finances, pour Bruno Le Maire. De tous les ministres, c’est celui qu’on a préféré critiquer, moquer et ridiculiser. Il nous agace tellement qu’on ne sait même plus pourquoi il nous agace. Mais tout ça, c’est un malentendu. Bruno Le Maire est en fait le contraire de ce qu’il a l’air d’être. Derrière son côté Margaret Thatcher, raide, autoritaire, toujours prêt à vous donner un coup de sac à main, se cache un vrai romantique, un aventurier et même un sale gosse avec du talent.

Il incarne le seul véritable héritage des années Macron. L’économie, c’est le seul domaine où il s’est vraiment passé quelque chose. C’était une politique beaucoup moins libérale qu’on ne le dit. Pendant le Covid, la stratégie du quoi qu’il coûte a sauvé des milliers d’entreprises. Bruno Le Maire a aussi mis fin au chômage de masse. La France est le pays européen où les étrangers investissent le plus pour la cinquième année consécutive. Il a aussi réindustrialisé pour de vrai: 330 sites industriels ouverts depuis 2017. Quant au pouvoir d’achat, il a augmenté de plus de 7%. C’est un bilan honorable. Est-ce que ça suffira à le faire regretter? On connaît l’expression: on sait qui on quitte, mais on ne se sait pas qui on retrouve.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Bruno Le Maire, "un grand ministre de l'Économie" ? - 13/09
3:36

"En France, les ministres des Finances, on les déteste"

C’est un ministre qui a fait polémique, qui passait parfois pour dilettante… On lui a notamment reproché de trouver le temps d’écrire des livres. Et on a eu tort. Les ministres sont devenus tellement incultes qu’on finit par trouver ça rassurant qu’ils ne s’intéressent pas à la littérature. Bruno Le Maire lit et écrit, ça prouve qu’il s’intéresse à autre chose qu’au pouvoir, qu’il a de la fantaisie, un peu d’originalité, un peu d’humanité. Il est sincèrement passionné de littérature, il écrivait d’ailleurs avant d’être ministre. Un de ses meilleurs amis, c’est Michel Houellebecq. Avouez que ce ne sont pas les personnes qu’on imagine le plus ensemble… Et ils s’entendent tellement bien que, dans son dernier livre, Houellebecq a même fait de Le Maire le modèle d’un de ses personnages.

Suffisant pour construire sa légende? Peut-être pas, mais il a de bonnes excuses. Ministre des Finances, c’est le pire job de la République. Votre spécialité, c’est ce que les gens aiment le moins au monde: les impôts. En France, les ministres des Finances, on les déteste, on les oublie ou on les met en prison. Parfois, les trois à la fois. Personne ne se souvient de Jacques Cœur, ministre des Finances de Charles VII, qui nous a permis, avec Jeanne d’Arc, de chasser les Anglais au Moyen Âge. On l’a abandonné et exilé. Le roi Henri IV ne serait rien sans Sully, un gestionnaire génial qui a sauvé le pays de la banqueroute. Lui aussi, oublié. Louis XIV a carrément fait emprisonner son ministre Fouquet, en l’accusant d’avoir piqué dans la caisse. L’ingratitude fait partie de la fonction. Bruno Le Maire n’y échappera pas, mais au moins ses livres lui survivront.

Arthur Chevallier