Cécile Duflot: "Les députés doivent dialoguer et refuser que l'extrême droite prenne le pouvoir"

Cela fait trois ans maintenant qu'il n'y a pas de majorité à l'Assemblée, un an que le président de la République a dissous avec tout ce que ça impliquait pour qu'il y ait une nouvelle majorité et il n'y en a toujours pas.
C'est la démocratie, les Français ont voté et ils ont voté d'ailleurs avec un message très clair, ils ne voulaient pas que le Rassemblement national ait le pouvoir, c'était ça le message essentiel. Sauf qu'ensuite, ils n'ont pas donné la clé à qui que ce soit et le Président s'obstine à croire qu'on va pouvoir faire comme il veut.
"Emmanuel Macron devrait reconnaître qu'il s'est trompé"
Il devrait reconnaître qu'il s'est trompé, que ça ne marche pas. Je pense que tout le monde devrait être un peu plus modeste, un peu plus posé et essayer de se dire qu'on ne va pas attendre un an et demi sans gouverner la France et sans prendre des décisions.
Mais alors on fait comment ? On se parle ! Parce que s'il y a une dissolution, ou même une destitution du Président, ou une démission, qui vous dit que ça ne va pas recommencer pareil ? Qu'est-ce qu'on fait dans ce pays si l'Assemblée Nationale n'a pas une majorité qui au service du Président ?
Ça fait deux fois que ça arrive, il faut qu'on arrive à faire autrement, il faut que les politiques apprennent à se dire qu'on doit pouvoir essayer, au moins pendant l'année et demie qui vient, à se mettre d'accord sur un certain nombre de priorités.
On ne peut pas dire 'On va acheter des Canadaires', puis l'année d'après 'non', avant d'avoir le plus grand feu (dans l'Aude cet été, NDLR) depuis 50 ans. Il y a des sujets, le climat, la justice sociale, on sent bien la tension dans ce pays avec ce qui monte sur le 10 septembre et le 18, où on peut se dire, on se pose, tout le monde ne va pas être satisfait, mais on a un point d'accord sur des priorités qui nous permettent de faire en sorte que ce pays avance.
"Sous la menace de situations difficiles"
J'ai un parcours bizarre, j'ai travaillé dix ans dans le privé ensuite, j'ai fait de la politique, maintenant je suis dans une ONG. Ce que je vois, c'est ce qui se passe dans le monde autour de nous, c'est-à-dire qu'on est quand même sous la menace de situations difficiles. L'avion de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a été plus ou moins attaqué par les Russes, on est dans une situation singulièrement compliquée. ll y a une situation de guerre en Ukraine, il y a la situation absolument intolérable et insupportable qui continue à Gaza.
Il y a un certain nombre de pays qui ont basculé, on doit pouvoir se dire que dans cette situation-là, la France, qui est à la fois un grand et un petit pays, doit pouvoir mettre des gens ensemble dans une pièce à dialoguer. Ca veut dire que personne ne va gagner sur tout le monde.
"Trouver des points d'accord"
François Bayrou qui dit 'C'est moi ou le chaos', ça ne marche pas parce plus personne n'y croit. Il y a un an on devait - si on n'avait pas de budget - ne plus avoir de carte vitale, ça ne marche plus. Il y a une réalité, c'est que les milliardaires se sont hyper enrichis, les pauvres se sont appauvris. La France aime l'égalité, c'est dans notre devise et c'est dans l'histoire de la Révolution française. Je pense qu'il faut vraiment être en capacité de créer cette discussion et de trouver des points d'accord. On ne peut pas rester comme ça avec chacun qui pose des petits coups tactiques en attendant le mois prochain.
Je pense que tous ceux qui sont à l'Assemblée nationale et qui ont été élus par des gens, qui n'étaient pas forcément de leur famille politique, doivent se mettre autour de la table. Ils doivent se mettre autour de la table et dialoguer dans un axe qui est très simple, qui est celui de refuser que l'extrême droite prenne le pouvoir. C'est comme ça qu'ils sont devenus députés.