Colère des agriculteurs: quelle réponse politique?

Gabriel Attal dimanche matin en Indre-et-Loire, François Ruffin samedi dans le Gard, Marine Le Pen dans une exploitation agricole du Nord... Les personnalités politiques françaises se sont déplacées en nombre ce week-end, au contact des agriculteurs.
Des premières annonces du gouvernement
Après de premières annonces vendredi, l'exécutif a affirmé vouloir encore apporter des solutions face à la mobilisation des agriculteurs. "Les premières mesures n'ont pas encore répondu à ce qui constitue le malaise et le mal-être de nos agriculteurs aujourd'hui", a affirmé le Premier ministre Gabriel Attal dimanche, en marge d'une visite en Indre-et-Loire. Il se dit "résolu à avancer vite".
Le gouvernement tente toujours de calmer les esprits malgré une première vague d'annonces, vendredi, et insiste sur la lutte contre la concurrence déloyale. Parmi les pistes évoquées par le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, figurent les contrôles sur les produits importés en France. L'objectif est de vérifier que les conditions de fabrication correspondent aux normes de notre pays.
Marc Fesneau affirme que des améliorations sont possibles, mais sans donner d'objectif pour augmenter ces contrôles ni préciser quels produits seraient les plus concernés.
Puis, l'exécutif évoque des discussions avec nos voisins européens pour éviter de trop grands écarts entre un agriculteur italien et français par exemple, sauf que ces négociations se font au niveau européen.
Le ministre de l'Agriculture se dit tout de même confiant sur la question des jachères. Des négociations sont en cours pour prolonger certaines dérogations. Marc Fesneau espère justement obtenir un accord mercredi lors d'une réunion à Bruxelles.
Le RN en opération séduction
Le député de LFI François Ruffin s'est lui rendu dans le Gard, sur l'autoroute A9, bloquée par des agriculteurs et viticulteurs. Il est allé échanger avec eux et a réclamé un "cap pour l'agriculture française".
Le Rassemblement national espère, de son côté, tirer profit de la crise et multiplie les les signes de soutien. Marine Le Pen était en visite, dimanche, dans une exploitation, dans le nord de la France. La cheffe de file du RN s'est essayée au tracteur, avant d'écouter les doléances d'une dizaine d'agriculteurs, en acquiesçant sans cesse et en jouant la compassion, jugeant "honteux" ce qu'il se passe en ce moment.
"Il faut remettre ce modèle à plat et considérer que l'agriculture, c'est évidemment quelque chose qui doit être à part. Vous êtes un élément essentiel de la liberté de notre pays", a-t-elle déclaré.
Le RN est en campagne. Les agriculteurs, comme Julien, ne sont pas dupes: "Marine Le Pen, elle n'a pas le statut pour tout changer". À la dernière présidentielle, cette catégorie de la population a un peu moins voté pour le RN que le reste de la population. Marc hésite à franchir le pas: "J'ai bien écouté tout ce qu'elle a dit. Si elle fait ce qu'elle dit, pourquoi pas. Il y a que ça que l'on n'a pas essayé."
Jordan Bardella, le président du RN, a lui publié "une lettre ouverte aux agriculteurs de France". Il explique soutenir ce qu'il appelle une “révolte paysanne”. Invité du Face-à-face, ce lundi sur RMC et BFMTV, le député européen assure par ailleurs partager la colère des agriculteurs, contre "le mur de normes, l'asphyxie réglementaire et la concurrence déloyale imposée par le gouvernement et l'Union européenne". Le parti d'extrême droite, dans l'optique des européennes de juin, espère surtout séduire, au-delà des agriculteurs, l'ensemble du monde rural.