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Départ d'Emmanuel Macron? "Ce n’est pas lui qui bloque le pays, c’est le système", juge Louis Sarkozy

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VOIX DE DROITE. Alors que de nombreuses voix, même chez certains de ses alliés, réclament sa démission, Emmanuel Macron n'a pas prévu de s'en aller. Et il fait bien, juge Louis Sarkozy, qui estime que le président de la République ne doit pas "vaciller".

La France traverse une nouvelle tempête politique. Premier ministre démissionnaire, majorité éclatée, appels à une présidentielle anticipée et désormais, on s'interroge aussi à l'étranger: que devient la France? Et même Edouard Philippe, ancien premier ministre d'Emmanuel Macron, réclame une présidentielle anticipée. Doit-on, comme certains le réclament, envisager la démission du président?

Devons-nous l’envisager ? Oui. Est-elle souhaitable ? Non. Ce n’est pas une réponse de circonstance, c’est une question de principe. Un homme élu pour servir son pays ne démissionne pas sous le vacarme. S’il partait aujourd’hui, ce ne serait pas un geste d’humilité, mais une abdication devant le tumulte. Et le signal serait terrible : celui d’une démocratie où le chef de l’État ne tombe plus devant le peuple, mais sous la pression des circonstances. Le problème n’est pas l’affaiblissement d’Emmanuel Macron, mais celui de la fonction. La présidence doit tenir, pour aujourd’hui, et pour l’avenir.

La majorité des Français pensent qu’un départ "débloquerait" la situation

Mais l'opinion, c’est une photographie, la légitimité, c’est un mandat. La Ve République repose sur une idée simple: quand tout vacille, l’État, lui, ne vacille pas. Si nous faisons du renoncement présidentiel un réflexe, nous aurons demain une République qui change de tête comme on change de hashtag. Et à l’étranger, croyez-moi, ce serait vu comme un effondrement. De Tokyo à Brasilia, les journaux décrivent déjà la France comme un pays ingouvernable, chaotique, presque théâtral. La chute d’un président avant la fin de son mandat serait plus qu’une crise politique : un désastre symbolique.

Voix de droite : La démission d'Emmanuel Macron n'est pas la solution - 08/10
Voix de droite : La démission d'Emmanuel Macron n'est pas la solution - 08/10
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Le général de Gaulle, lui, avait bien démissionné. Mais pour des raisons qui n’ont rien à voir. De Gaulle ne s’est pas soumis au désordre, il s’est soumis à la parole donnée. Il avait posé une question au pays, il a respecté la réponse. C’était un acte de cohérence, non de faiblesse. Aujourd’hui, on voudrait confondre l’honneur gaullien avec la lassitude contemporaine. Mais la grandeur, ce n’est pas partir quand tout devient difficile, c’est rester quand tout vacille. De Gaulle est parti sur ses propres termes, Macron, lui, partirait sur ceux des autres.

Macron bloque-t-il le pays en restant?

Ce n’est pas lui qui bloque le pays, c’est le système qui s’est habitué à l’impuissance. La France vit sous perfusion de crises politiques, et à force d’en avoir peur, elle les provoque. On a fait du conflit une habitude, du tumulte un spectacle, et de la démission un fantasme collectif. Mais un État n’est pas une scène de théâtre, et un Président n’est pas un personnage que l’on remplace entre deux actes.

Donc malgré la crise, il doit tenir. Parce qu’un Président élu ne s’appartient plus. Il appartient aux institutions, au pays. Rappelons-nous que le monde regarde: les ambassades observent, les marchés calculent, les alliés doutent, les adversaires jubilent. Une France qui vacille, c’est une Europe qui chancelle. C’est une puissance nucléaire sans boussole. Et c’est surtout une République qui renonce à elle-même. On ne demande pas à un capitaine de quitter le navire au milieu de la tempête, on lui demande de tenir la barre, quitte à braver les vagues. Et dans l’histoire, ce sont toujours ceux qui ont tenu quand tous les pressaient de partir qu’on a fini par respecter. 

Louis Sarkozy