Des sans-abri déplacés avant les JO 2024? Olivier Klein, le ministre du Logement, se défend

Pas de JO 2024 pour les sans-abri? À l'approche des Jeux olympiques de Paris, et de la Coupe du monde de rugby en septembre 2023, le gouvernement voudrait inciter des milliers de SDF de la région parisienne à quitter l'Île-de-France pour la province. Début avril, l'exécutif a donc demandé aux préfets de créer des "sas d'accueil temporaires régionaux" dans toutes les régions, à l'exception des Hauts-de-France et de la Corse, afin de "désengorger les centres d'hébergement" d'Île-de-France.
"Macron avait fixé l'objectif zéro SDF. À défaut d'y être arrivé (et d'avoir vraiment essayé), il les promène", a ironisé mercredi via Twitter Ian Brossat, le maire adjoint de Paris en charge du logement. "Après les étudiants expulsés de leurs logements CROUS, voici les sans-abri et les migrants priés d'aller se faire voir loin de Paris. Les Jeux olympiques sont en 2024 mais la France est déjà grande favorite pour la palme de l'indécence", a abondé la députée LFI de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain.
"Mieux accompagner"
Mais le gouvernement se défend et évoque une urgence sociale. "Il y a une situation tendue. Sur les 200.000 personnes hébergées chaque soir, il y en a 100.000 en Île-de-France", assure Olivier Klein, le ministre délégué à la Ville et au Logement, dans "Apolline Matin" ce jeudi sur RMC et RMC Story. "L'objectif, c'est de baisser le nombre de sans-abri en Île-de-France pour avoir un accompagnement de proximité en province et mieux accompagner", ajoute-t-il, évoquant une opération conjointe avec les associations et la mairie de Paris.
Les personnes invitées à partir sont censées être prises en charge pendant trois semaines dans ces "sas" avant d'être "orientées", dans leur nouvelle région, "vers le type d'hébergement correspondant à leur situation".
Ce dispositif concerne surtout des migrants, très nombreux en Île-de-France à vivre dans la rue ou en hébergement d'urgence. "Les gens sont volontaires, personne ne découvre l'opération et c'est une bonne opération pour ces personnes qui ont besoin d'un accompagnement social et administratif", ajoute Olivier Klein qui assure qu'il n'y aura pas d'évacuations forcées.
450 personnes déjà transférées
Le ministre balaie d'un revers de la main des déplacements temporaires liés aux grands événements internationaux et évoque une opération de relogement, avec des centres d'accueil ouverts jusqu'à la fin de l'année 2024. "Peut-être que certains resteront dans leur nouvelle région et y trouveront même un logement", espère-t-il, évoquant déjà 450 personnes transférées pour une capacité d'accueil totale en province de 3.600 places.
Des transferts qui tombent à pic et répondent pourtant à une situation exceptionnelle. Devant l'Assemblée nationale début mai, Olivier Klein lui-même assurait que de nombreux hôteliers ne souhaitaient plus accueillir ces publics précaires avant l'afflux de clientèle pour la Coupe du monde de rugby en septembre et les JO 2024.