Discours de José Gonzalez: première séance à l'Assemblée, et première polémique pour le RN
Au premier jour de la nouvelle législature de l'Assemblée, le Rassemblement national a suscité une première polémique. Elle est née d'une référence explicite à l'Algérie Français signée José Gonzalez.
Nouveau député RN des Bouches-du-Rhône, pied noir et vieux compagnon de route de Jean-Marie Le Pen, il est le doyen des 577 députés de l'Assemblée à l'âge de 79 ans, et c'est donc lui qui, comme le veut la tradition, présidait la toute première séance dans l'hémicycle mardi après-midi.
"Ce symbole d'unité touche l'enfant d'une France d'ailleurs que je suis, attaché à sa terre natale, [...] j'ai laissé là-bas une partie de ma France et beaucoup d'amis" déclare-t-il devant les députés.
Quelques secondes plus tard, José Gonzalez insiste devant des journalistes et affirme qu'il "n'est pas là pour juger si l'OAS a commis des crimes".
"Des crimes en Algérie de l'armée française je ne pense pas, et encore moins un crime contre l'humanité [...] franchement je ne suis pas là pour juger si l'OAS a commis des crimes, je ne sais même pas ce qu'est l'OAS ou presque pas" confie le député.
L'OAS, c'est une organisation terroriste, proche de l'extrême-droite, qui luttait contre l'indépendance de l'Algérie, qui a commis de nombreux attentats, dont celui du Petit-Clamart qui visait à tuer le général De Gaulle, et qui est responsable de la mort d'au moins 2 200 morts en Algérie.
"La dédiabolisation est tombée"
Si quelques applaudissements se sont faits entendre dans l'Hémicycle après l'intervention de José Gonzalez, la quasi-totalité des partis ont dénoncé ses propos.
"Ils paraissent tous sages, propres, cravatés, mais c'est un leurre, le passé ressort bien vite" se désole un député macroniste.
La gauche accuse le député de propos révisionnistes. "Je trouve que cette nostalgie de la colonisation à l'intérieur de notre Hémicycle dit à quel point la dédiabolisation est tombée, il a suffi d'un discours pour que ça tombe" commente la députée Nupes Sandrine Rousseau.
"Ce n'est pas rien comme marqueur, c'est du Jean-Marie Le Pen, l'affirmation de l'extrême droite la plus rance" insiste un élu de gauche.
D'ailleurs, le fondateur du Rassemblement National compte bien appeler et même recevoir en personne José Gonzalez pour le féliciter et le remercier pour son discours.
Un député de la France Insoumise s'énerve "ces propos ont achevé de convaincre les gens qui pouvaient avoir un doute sur le RN" et résume : "à peine un jour à l'Assemblée, et le RN montre déjà son vrai visage".
"Rien de choquant" pour un député RN
De son côté, le RN essaie de se défendre. Pour Louis Aliot, le maire RN de Perpignan, la polémique n'a pas lieu d'être.
"On est libres en France de penser ce qu'on veut, Monsieur Gonzalez n'a fait que dire ce qu'il a vécu, il vous a donnés son ressenti, et j'ajoute que sur ces affaires là, les discussions ne sont pas closes, oui l'OAS était une organisation terroriste et personne ne vous dira le contraire".
"Rien de choquant" balaye encore un député, pour qui "c'est un non sujet, parce qu'on ne va pas ressortir les histoires des années 60-70". Un cadre du parti va même plus loin, expliquant que les propos de José Gonzalez sont le reflet de "l'histoire d'une vie, à l'image de millions de gens". C'est d'avantage la jeune génération du parti qui est embarrassée, celle qui se réclame du Gaullisme, et n'hésite pas à aller fleurir la tombe du Général de Gaulle, tous les ans, à Colombey-les-Deux-Églises.
Une alliance RN-LR?
Ce premier couac tombe au mauvais moment pour le parti qui demandait l'exemplarité de ses 89 députés et brigue la présidence de la très prestigieuse commission des finances de l'Assemblée Nationale, avec son candidat le jeune député de la Somme Jean-Philippe Tanguy.
D'ailleurs, une rumeur circule autour d'une possible alliance du RN avec Les Républicains, qui négocieraient leurs votes en faveur du candidat d'extrême droite en échange d'un soutien à la désignation d'Éric Ciotti au poste de questeur.
"On a vocation à présider la commission des finances, nous ne sommes pas des députés au rabais" sourit un proche de Marine Le Pen.
"Le RN est un parti avec lequel on ne négocie pas" s'offusque un élu de gauche. Un autre s'alarme: "la digue absolue cède, là on va vraiment vers une faute politique". La crainte sur tous les bancs, c'est que le RN se serve de ce poste à des fins politiques.