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Elisabeth Borne Première ministre: les syndicats craignent une politique "anti-sociale"

Élisabeth Borne, avant d'arriver à Matignon, a été ministre des Transports, puis ministre du Travail. Deux postes où elle a souvent dû se confronter et négocier avec les syndicats. Et ces derniers ont majoritairement gardé l'image de quelqu'un de froid, direct et sans compromis.

La relation avec les syndicats, Élisabeth Borne connaît bien. Ancienne PDG de la RATP, puis ministre des Transports, ministre de la Transition écologique et ministre du Travail lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, elle a déjà dû gérer plusieurs gros dossiers. Par exemple, la réforme de la SNCF en tant que ministre des Transports, ou encore lorsqu’elle avait appelé les cheminots à “la responsabilité” lors de la grève contre la réforme des retraites en décembre 2019.

Élisabeth Borne a aussi travaillé avec les syndicats sur la question des protocoles sanitaires dans les entreprises pendant la pandémie de Covid-19. Mais la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon, ça ne réjouit pas vraiment Alex Persson. “On n'attend rien, au contraire on se prépare”, indique ce cheminot, responsable CGT à Trappes. Il se souvient du passé de la nouvelle Première ministre, notamment à la tête de la RATP. “Elle a décliné une politique foncièrement hostile au monde du travail et aussi une politique qui était extrêmement néfaste pour les usagers”, assure-t-il.

Son action au sein des différents gouvernements depuis cinq ans n'a pas vocation à rassurer son collègue de la CGT Cheminots, Arnaud Marcinkiewicz. “Ce n’est pas une bonne nouvelle, forcément. Ce sont les mêmes personnes qui vont continuer à diriger sur une politique anti-sociale. C’est une politique anti-service public, anti-cheminots et nous allons continuer à organiser le combat contre cette politique-là”, prévient-il déjà. Même son de cloche du côté d’Erik Meyer, secrétaire fédéral Sud-Rail.

“On a le souvenir de quelqu’un qui n’a absolument pas d’empathie, très dure dans sa manière de mener les dossiers et absolument pas apte aux compromis. On l’avait dit à l’époque, on avait de longs échanges pendant trois mois avec en face de nous un mur, pas de prise en compte ni des propositions, ni des revendications des salariés. Nous, on n’a jamais vu de capacité à pouvoir prendre des initiatives pour aller au-delà du dossier posé sur la table”, décrypte-t-il dans "Apolline Matin" sur RMC et RMC Story.

Inquiétude autour de la réforme des retraites

Mais d'autres responsables syndicaux veulent quand même laisser sa chance à Élisabeth Borne. Le patron de la CFTC, Cyril Chabanier, par exemple, voit même son arrivée à Matignon comme un signal positif. “C’est quelqu’un d’agréable et de constructif. Après, c’est quelqu’un qui sait ce qu’il veut, et le discours est toujours sincère. Et quand vous faites une proposition, une demande, ça ne tourne pas autour du pot pendant 20 ans. Vous avez une réponse qui vous plaît ou qui ne vous plaît pas, mais au moins, vous repartez avec une réponse”, assure-t-il.

Mais pas question non plus de lui dérouler le tapis rouge. Au-delà des questions de pouvoir d'achat, il attend la nouvelle Première ministre sur la réforme des retraites.

“Ce qui est important, c’est qu’on prenne le temps de discuter. Elle sera jugée sur ça. Si on va directement et uniquement sur un recul de l’âge légal qui ne règle aucune injustice, ça se passera évidemment mal”, indique-t-il.

Élisabeth Borne est donc prévenue. S’ils ne sentent pas écouter, les syndicats brandissent déjà la menace d'action et de mobilisations fortes à la rentrée.

Guillaume Descours avec Martin Bourdin et Alfred Aurenche