Eric Dupond-Moretti et Marlène Schiappa perdent leurs nerfs: "On doit se tenir"

La pression est-elle trop forte pour le gouvernement? En pleine contestation contre la réforme des retraites, deux ministres se sont illustrés par des coups de sang cette semaine. D'abord, c'est le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti qui a, en pleine Assemblée nationale ce mardi, adressé deux bras d'honneur au député LR Olivier Marleix qui égrenait les mises en examen des ministres du gouvernement. Le garde des Sceaux s'est excusé dans la foulée.
Peu après, c'est la secrétaire d'Etat chargée de l'Economie sociale et solidaire Marlène Schiappa qui s'est emportée sur France 5. Invitée de l'émission C ce Soir mercredi pour évoquer son livre "Juste une petite gifle", la ministre a été accusée par la cinéaste Andrea Bescond de ne pas assez protéger les femmes. "Il y a des femmes qui meurent, des femmes qui sont violées tous les jours. Toutes les sept minutes, il y a une tentative de viol. À votre place, honnêtement, je ne serais pas comme ça toute détendue en train de sortir un livre ", a-t-elle lancé à l'attention de la ministre.
"Va pleurer"
Des accusations qui ont fait sortir de ses gonds Marlène Schiappa: "Vous croyez que vous me l'apprenez? C'est une plaisanterie. Je trouve ça honteux, je suis désolée, mais je ne vais pas rester sur ce plateau", a-t-elle lancé, demandant à l'animateur Karim Rissouli de couper la séquence. "Va pleurer", lui a sèchement asséné Andrea Bescond.
"Me dire à moi que je découvre les violences sexuelles, mais merde quoi!", a répondu Marlène Schiappa en se rasseyant finalement. "J’ai quelqu’un qui a été tué d’un coup de fusil! Andrea, c’est trop facile de faire ce que vous êtes en train de faire. Le débat est terminé, merci. Vous couperez", a-t-elle ajouté.
"Faut démissionner, avec votre ministre de l’Intérieur, avec votre garde des Sceaux. Vous ne faites pas l’affaire", a conclu la cinéaste Andréa Bescond.
"Ces actions ont un ruissellement sur la société"
Ces deux sorties en deux jours font s'interroger les "Grandes Gueules" ce vendredi, sur RMC et RMC Story. Pour l'économiste Thomas Porcher, "il faut de la tenue" et dans tous les partis politiques: "Concernant Marlène Schiappa, on s'attendait à ce que ce soit la réalisatrice militante Andréa Bescond qui s'emporte mais elle est restée calme", constate-t-il.
"C'est un débat, on a le droit d’avoir des arguments aussi durs soient-ils. Que Marlène Schiappa présente son bilan si elle en est si fière, qu’elle dise que c’est plus difficile quand on est aux manettes et que c'est facile de parler. Au lieu de ça, elle s'énerve et fait du cinéma. C'est comme Dupond-Moretti qui fait des bras d'honneur à l'Assemblée. Le monde est devenu une grande téléréalité, mais on doit se tenir", tacle Thomas Porcher.
Fébrilité ou fatigue?
"Après, on s'étonne que des élèves soient insolents parce que ces actions ont un ruissellement sur la société. Quel que soit le parti, on doit bien se tenir", ajoute l'économiste, très remonté contre l'attitude des deux ministres. Il déplore également des scènes parfois peut-être recherchées: "Marlène Schiappa, c’est une spécialiste des réseaux sociaux, elle sait qu’une telle sortie, on ne va parler que de ça. La mise en scène, c'est un problème alors qu'on peut débattre du fond en étant calme", ajoute-t-il.
Pour Zohra Bitan, les ministres sont humains avant tout: "Marlène Schiappa a été accusée de n’avoir rien fait. On peut être d’accord avec son bilan ou pas mais on ne peut pas se plaindre d’avoir des gens humains", constate-t-elle. La fonctionnaire juge aussi qu'Andrea Bescond a été "irrespectueuse", traduisant un rejet de l'autorité estimant également que Marlène Schiappa s'est toujours démenée pour la cause des femmes et des violences sexistes et conjugales.
"Cela traduit peut-être aussi une fébrilité chez ces ministres, peut-êre une fatigue, Marlène Schiappa étant ministre depuis plusieurs années", note de son côté Olivier Truchot.