"Expliquez-nous": comment Macron et Le Pen se sont choisis pour 2022
Les choses se sont en effet clarifiées cette semaine en deux temps. D’abord lundi soir, Emmanuel Macron, dans un jardin ministériel, sans micro ni caméra, a parler devant les parlementaire “En marche”. Et on a retenu qu’il leur a surtout parlé d’immigration, mais en fait il a été plus clair.
Il a dit: "Vous n’avez qu’un seul opposant sur le terrain, c’est le Front national. Et ce sont les français qui ont choisi ce duel". En vérité, les Français n’ont pas choisi ce duel. Au dernières européennes, l'addition des voix d’”En Marche” et du “Rassemblement National” fait 45 %. Ce qui est plus d’un électeur sur deux ne se reconnaît dans aucun de ses deux partis.
Et au prochaines élections, les municipales, on n’assistera pas non plus à un duel entre "macronistes" et "lepenistes". Parce qu’il y a des maires sortants, de droite ou de gauche qui seront encore là. Donc quand Macron dit: les Français ont choisi ce duel, il pense déjà au coup d’après: à la présidentielle de 2022.
Il pense que cela se jouera ni à droite ni à gauche, mais “au peuple”, comme disait l’autre. "L’autre" c’est Patrick Buisson, conseiller de Nicolas Sarkozy. D'où ce message d’Emmanuel Macron à ses troupes. Ne soyons pas un parti bourgeois. Parlons aux classes populaires. Et les classes populaires, elles veulent qu’on leur parle d’immigration, sans tabou.
Marine Le Pen accepte ce face à face
Elle a répondu à Emmanuel Macron a votre micro mardi matin. Elle a dit, “Je suis là” ! pour répondre à votre question, est ce que vous serez la candidate du Rassemblement national. Donc elle répond: "Si personne n'émerge dans ma famille, je suis là". Mais j’ai réécouté cette interview et il y a une phrase plus intéressante.
Marine Le Pen dit: "Notre projet et celui d’Emmanuel Macron sont clairs et contradictoires. Les autres mouvements ont vocation à disparaître." Voila tout est dit.
"Nous n’avons qu’un seul opposant" c’est la phrase d’Emmanuel Macron. Et tous les autres ont vocation à disparaître, c’est la réponse de Marine Le Pen. Ils se sont bien choisis l’un l’autre.
Et c’est vrai que l’on ne voit pas aujourd’hui qui pourrait venir s'immiscer dans ce face à face. Les Républicains sont en train de se choisir un chef, mais la condition pour se présenter c’est de ne pas viser la présidentielle. François Baroin se tient prêt au cas ou, mais en restant bien caché dans son cabinet d’avocat et ne disant surtout rien. Xavier Bertrand attend son heure dans sa région des Hauts-de-France.
A gauche, l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, est prêt à se sacrifier mais en attendant il reste dans son cabinet d’avocat en ne disant, surtout rien. On pourrait poursuivre, mais on voit bien qu’il n’y a pas aujourd’hui un embouteillage de présidentiables crédibles.
Aujourd’hui, ils se voient seuls dans l'arène, mais demain?
Et pourtant un deuxième tour Macron-Le Pen en 2022, ce n’est pas écrit d’avance. Pour une raison simple: nous sommes presque à mi-mandat, c’est à dire à deux ans et demi de l'élection. Et jamais un deuxième tour de présidentielle n’a pu être prévu aussi longtemps en avance.
Deux ans et demi avant 2017, on prévoyait un match retour Sarko-Hollande, on n’a eu ni l’un ni l’autre. Deux ans et demi avant 2012, personne ne voyait Hollande. Deux ans et demi avant 2007, personne n’imaginait Ségolène Royal au deuxième tour. En 2002, personne n’imaginait Jean-Marie Le Pen au deuxième tour. Il a fallu attendre le dimanche soir du premier tour à 18h37, pour voir venir ce coup de tonnerre. Deux ans et demi avant 1995, Balladur était archi-favori et a été battu au premier tour.
Bref, aujourd’hui, ils se voient seuls dans l'arène, mais demain ?