"Ils nous avaient clairement identifiés": les maires en première ligne face aux émeutes

Les maires sont invités à se rassembler devant leurs mairies ce lundi après plusieurs actions violentes contre les édiles de plusieurs villes. L'association des maires de France (AMF) invite maires et citoyens à se rassembler sur le parvis de toutes les mairies de France, qui feront sonner leurs sirènes, après l'attaque à la voiture-bélier du domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), a annoncé dimanche le président de l'AMF David Lisnard.
Ce n'est pas le seul élu qui a été visé par des émeutiers en marge des violences urbaines qui secouent la France après la mort de Nahel, 17 ans. La maire de Pontoise (Val-d'Oise) a été visée par un tir de mortier alors qu'elle était dans sa voiture. "C'est la maire, on va se la faire", explique-t-elle avoir entendu.
"Surveiller nos édifices publics"
A Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours, le maire a vu sa voiture se faire incendier sous ses yeux après avoir été reconnu par des émeutiers. A Charleville-Mézières (Ardennes), ce sont des bouteilles qui ont été lancées contre le maire dans la nuit de vendredi à samedi. "Avec une partie de mon conseil municipal, on avait décidé de surveiller nos édifices publics", raconte dans "Charles Matin", ce lundi sur RMC et RMC Story, Boris Ravignon, le maire de LR de la ville des Ardennes.
"On patrouillait par petits groupes. On a vu une barricade enflammée au milieu d'une rue et on est allé l'éteindre avec trois adjoints, quand nous avons été pris pour cible par des jets de projectile, et on a dû procéder à un retrait tactique", détaille le maire.
Il assure avoir croisé auparavant un petit groupe d'émeutiers dont les motivations paraissaient "assez obscures". "Ils étaient pour certains alcoolisés ou sous cannabis. Ils nous avaient clairement bien identifiés", assure Boris Ravignon qui évoque une situation plus calme depuis deux nuits.
A Sannois, dans le Val d'Oise, le maire a reçu des menaces de mort. L'ancienne maison du maire de Cholet (Maine-et-Loire), qu'il avait quittée depuis quelques mois, a été complétement saccagée.
Voiture bélier et tirs de mortiers d'artifice
Enfin, dans la nuit de samedi à dimanche, c'est donc le maire de L'Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne, qui a été attaqué chez lui. Le domicile de Vincent Jeanbrun a été visé par une voiture bélier. Avant de s'enfuir, les quatre personnes à l'intérieur du véhicule y ont mis le feu, ainsi qu'à la voiture de la famille. Ils ont ensuite tiré au mortier contre le domicile.
L'édile n'était pas chez lui mais sa femme et ses enfants âgés de cinq et sept ans ont dû fuir. Sa femme s'est même cassée le tibia en prenant la fuite. Ils sont toujours très traumatisés. Une enquête pour tentative d'assassinat a été ouverte à L'Haÿ-les-Roses et un rassemblement est aussi prévu dans la ville à 15h.
"On ressent un attachement des habitants à la sécurité alors qu'ils sont eux-mêmes victimes des agissements de ces petits groupes qui prennent prétexte d'un événement national pour se rassembler et se laisser aller à la violence", analyse le maire de Charleville-Mézières, qui se demande s'il aurait fallu interpeller plus tôt les émeutiers.
Quant à la mobilisation prévue ce lundi, Boris Ravignon se dit mal à l'aise avec et assure qu'il n'y participera pas, appelant ceux qui le souhaitent à le faire.