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"Je suis agriculteur, pas homme politique": l'éleveur Jérôme Bayle répond aux critiques

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Accusé d'avoir délaissé le mouvement après avoir été à l'origine de la colère du monde agricole, l'éleveur Jérôme Bayle répond aux critiques dans "Les Grandes Gueules" ce lundi sur RMC.

Il est l'un des instigateurs du mouvement de colère des agriculteurs. Avec son barrage routier sur l'autoroute A64, Jérôme Bayle, éleveur de bovins à Carbonne (Haute-Garonne), a initié le mouvement de colère avant de lever le camp après une rencontre avec le Premier ministre Gabriel Attal.

De quoi pousser certains à l'accuser d'avoir trahi la cause. Invité des Grandes Gueules, ce lundi, l'agriculteur dément toute collusion avec le gouvernement ou n'importe quel parti, assurant qu'il ne ferait jamais de politique. "Je suis agriculteur, pas homme politique", tient à rappeler Jérôme Bayle.

Tellement éloigné de la politique qu'il assure ne pas avoir reconnu le Premier ministre lors de sa venue sur le barrage de Carbonne. "Quand Gabriel Attal est venu, je ne savais même pas à quoi il ressemblait, je ne regarde pas la télévision", raconte-t-il sur RMC et RMC Story. "J'ai dû demander à un ami de me montrer qui c'était".

Une rencontre fructueuse pour les deux parties. L'agriculteur obtient des garanties, le Premier ministre la levée du barrage. Et face aux accusations de collusion avec l'exécutif, Jérôme Bayle rappelle avoir dû mettre sa ferme en caution pour faire son barrage sur l'autoroute. "Les gens peuvent dire que je suis un vendu. Si on a demandé trois revendications et la venue du Premier ministre, c'est parce qu'on savait que nos moyens étaient limités".

"J'ai mis ma ferme en jeu pour sauver celles des autres. On avait trois revendications, on les a eues", rappelle l'éleveur de bovins.

Les heurts du Salon de l'Agriculture, "pas dans la philosophie des agriculteurs"

Insuffisant pour calmer la colère du monde agricole, en témoignent les heurts entre agriculteurs et forces de l'ordre samedi à l'occasion de la venue du président de la République Emmanuel Macron au Salon de l'Agriculture. Un accueil musclé que déplore Jérôme Bayle. "Je n'étais pas là, je n'ai vu que les images et on peut leur faire dire ce que l'on veut".

"Je trouve que ce n'est pas dans la philosophie des agriculteurs. Nous sommes des gens de respect et de parole. Malheureusement, certains agriculteurs n'ont pas respecté le travail d'autres agriculteurs présents ici", poursuit-il.

"Je pense que c'était un moment de colère et de frustration et dans la colère, on fait des choses qu'on ne maîtrise pas toujours, peut-être qu'ils n'ont pas tout maîtrisé", ajoute l'agriculteur.

Jérôme Bayle face aux GG - 26/02
Jérôme Bayle face aux GG - 26/02
26:35

Opposé aux prix planchers

Pour Jérôme Bayle, le gouvernement a tenu les promesses qu'il lui a faites, notamment concernant le dossier de la maladie hémorragique épizootique qui touche les bovins. Et si ces avancées restent discrètes, c'est parce que le mouvement de Jérôme Bayle n'est pas un syndicat et ne communique pas, assure l'agriculteur.

Quant à la colère qui ne semble pas retombée, c'est parce qu'elle est nationale, avec des spécificités propres à chaque département. "On n'a pas solutionné d'autres problèmes", rappelle Jérôme Bayle.

En terme de solution, le président de la République a évoqué la mise en place de prix planchers. Une hérésie pour l'éleveur de bovins de Haute-Garonne. "On va partir sur quoi et avec qui? Si on fait un prix plancher à l'échelle européenne, c'est la fin de l'agriculture française", alerte Jérôme Bayle. "Si en revanche, on fait un prix plancher avec l'agriculture française comme référence, ce sont les autres pays d'Europe qui ne pourront pas nous suivre. Je ne pense pas que le prix plancher soit une solution", conclut-il.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC