"Il s'est fait piéger": l'agriculteur Jérôme Bayle accusé de trahison après la levée de son barrage

"Vendu", "traître". Depuis plusieurs jours, l'initiateur de la contestation des agriculteurs Jérôme Bayle, est victime d'un lynchage en ligne. La raison? La levée du barrage de Carbonne sur l'A64, après la visite du Premier ministre Gabriel Attal vendredi. L'agriculteur estime que ses revendications ont été entendues et a décidé de lever le camp après les annonces du chef du gouvernement.
Filmé en train de donner un papier au ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, Jérôme Bayle est même accusé par certaines voix d'avoir transmis son RIB directement..
"Il aurait fallu discuter devant tout le monde"
"C'est un vendu, il n'y a même pas photo", peste Erwan, conducteur routier et syndicaliste passé par la CGT et aujourd'hui chez FO, dans Les Grandes Gueules ce lundi sur RMC et RMC Story. "La première image avec l'arrivée de Gabriel Attal, on le voit s'écarter de la foule avec le Premier ministre. On ne sait pas ce qu'il s'est dit, il aurait fallu discuter devant tout le monde," estime-t-il.
"Malheureusement, Jérôme Bayle est victime du gouvernement", croit savoir le cheminot Bruno Poncet, également syndicaliste. "Gabriel Attal a bien capté ce qu'il allait lâcher. Et Jérôme Bayle, il ne parle que de son barrage. C'est peut-être aussi compliqué émotionnellement pour lui: il est porte-parole, il se retrouve leader alors que ce n'est pas son métier, il a les caméras sur lui et il a perdu une amie et sa fille de 12 ans mortellement percutées par une voiture sur le barrage mardi", rappelle le cheminot.
"Il s'est fait piéger, il aurait dû dire à Gabriel Attal que c'était une discussion face à face, tous debout. Il s'est trompé parce que ce n'est pas son métier", ajoute le syndicaliste.
De son côté, Jérôme Bayle se défend de toute collusion avec le gouvernement. "Ce n'est pas mon RIB, j'espère que vous ne me trouvez pas assez con pour donner mon RIB en direct. Sur ce papier, il y avait le numéro de téléphone d'une personne dans une situation compliquée", a-t-il expliqué sur BFMTV samedi.
Attaques "dégueulasses"
L'éleveur de bovin assure même avoir refusé un poste contre son silence avant le début du mouvement. Une révélation qualifiée de "tentative de corruption" par le député LFI Antoine Léaument et immédiatement démentie par le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau. "Les attaques contre Jérôme Bayle sont dégueulasses. Mettre en doute sa sincérité, c'est mettre en doute la sincérité de l'ensemble des agriculteurs", a-t-il lancé.
"On est rentré sur l'autoroute, on était 300. Certains ont rejoint le mouvement il y a deux jours. Nous, au début, on était seuls, on n'avait aucune garantie, aucun soutien ni syndicat", a tenu à rappeler Jérôme Bayle ce lundi sur BFMTV.
De retour sur son exploitation de Haute-Garonne, l'éleveur de bovins assiste désormais de loin aux blocages qui se poursuivent, alors que les Jeunes Agriculteurs (JA), veulent assiéger Paris et que des barrages doivent être mis en place un peu partout sur les autoroutes d'Île-de-France.