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"La campagne est 'boring'": pourquoi les jeunes boudent-ils l'élection présidentielle?

Un jeune sur deux seulement est certain d'aller voter au premier tour de la prochaine élection présidentielle.

Mais pourquoi les jeunes boudent-ils l'élection présidentielle? Selon le dernier sondage Elabe pour BFMTV, seulement la moitié des jeunes âgés de 18 à 24 ans disent être sûrs de se rendre aux urnes pour le premier tour de l'élection présidentielle. Chez les 25-34 ans, ils sont 52% à être sûrs et, en comparaison, chez les plus de 65 ans, 62% sont certains de faire le déplacement à leur bureau de vote.

Faut-il ainsi s'attendre à une abstention record chez les jeunes? A deux semaines du premier tour de l'élection présidentielle, la campagne présidentielle ne semble pas totalement au coeur de leurs préoccupations.

"Pour être honnête, je ne sais même pas quand est la date du premier tour"

Le dimanche du premier tour, pour Thomas, ce sera un dimanche comme les autres. Il a 23 ans et n'a pas du tout prévu d'aller voter: "Je ne me sens pas concerné par ces élections-là, je ne suis pas au courant des programmes de chacun. Pour être honnête je ne sais même pas quand est la date du premier tour", confesse-t-il.

Le 10 avril, son amie Anna, elle, ira mettre son bulletin dans l'urne, mais sans grande conviction. "Personne ne me transcende, c'est vraiment par dépit, je ne me sens pas touchée par la campagne. Elle est 'boring', elle est super ennuyeuse", juge-t-elle.

Quelques mètres plus loin, autour d'un verre, Irène et Agathe parlent de tout, sauf de politique. Ces deux étudiantes de 23 et 24 ans ne sont même pas certaines de se déplacer pour le premier tour.

"Si tout est déjà joué, à quoi ça sert? Après on voit qu'il essaye de parler aux jeunes en faisant des choses avec des YouTubeurs mais c'est plus sur le forme que sur le fond. "

"Les jeunes se disent aussi en partie que leur vote ne suffit pas pour faire changer les choses"

Le phénomène de l'abstention des jeunes n'est pas nouveau. A chaque élection, les 18-24 ans hésitent explique Bernard Sananès, président de l'institut de sondage Elabe.

"Il y a un sentiment que les hommes politiques ne se préoccupent pas vraiment de leurs problèmes. Et il faut dire que les moins de trente ans représentent un pourcentage moindre dans le corps électoral car la population a vieilli. Les jeunes se disent aussi en partie que leur vote ne suffit pas pour faire changer les choses."

Alors pour faire changer les choses, certains jeunes s'expriment autrement, comme Arthur, 20 ans, membre du mouvement écologiste "Youth for climate" à Nantes.

"Tout est un acte est politique à partir du moment où il est collectif. Pour nous c'est parallèle aux urnes", explique-t-il. Lui-même n'ira pas voter, mais il sera dans la rue ce vendredi et samedi avec d'autres militants, pour défendre la cause du climat.

Anne-Lyvia Tollinchi et Aymeric Dantreuille (édité par J.A.)