"On s'ennuie, on a peu de prises sur les choses": Macron, de président jupitérien à candidat jupitérien
On connaissait le président jupitérien, on découvre le candidat jupitérien. Jupiter, le président au-dessus de la mêlée qui décide de tout, on l'a beaucoup entendu au début du mandat d'Emmanuel Macron. Et bien le candidat Macron, c'est pareil. Les soutiens du président sortant regrettent le fonctionnement très vertical de la campagne. Tout est verrouillé, contrôlé par son cercle rapproché. "C'est une armée mexicaine", confie un député marcheur de la première heure. "Dès qu'il y en a un qui prend une initiative, on le regarde de travers."
Et tout doit être validé par l'équipe de campagne. Notamment les passages dans les médias. "On doit demander l'autorisation", poursuit un député. "Et souvent on nous dit non." La raison est simple il faut garder le maximum de temps de parole pour le président candidat.
Et quand Emmanuel Macron parle, ses interventions sont millimétrées. La preuve avec cet échange diffusé par son équipe de campagne à quelques minutes de la présentation de son programme la semaine dernière à Aubervilliers: "L'objectif c'est de prendre combien de questions?", demande Emmanuel Macron à Clément Leonarduzzi, le monsieur communication du président candidat. "Une bonne trentaine serait génial mais ça va dépendre de la longueur de tes réponses. Tu es le maître des horloges", lui répond-il.
Des députés marcheurs déçus de la première campagne
Emmanuel Macron maître des horloges qu'il soit candidat ou président. Alors finalement, le président-candidat a pris une quarantaine de questions jeudi dernier. Mais les journalistes devaient envoyer le thème de leur question par sms à l'équipe de campagne pour avoir le droit de prendre la parole. Ce n'est évidemment pas l'usage dans une conférence de presse. "Mais n'y voyez pas de volonté de censurer la presse", explique un conseiller du candidat. "C'était pour fluidifier l'échange."
De leur côté, les députés marcheurs ont un peu le blues de la campagne de 2017. Frustrés voire carrément dérangés par la tournure qu'a pris la campagne cette année. "On s'ennuie" dit l'un d'eux à RMC. "On a peu de prises sur les choses. C'est chiant", lâche un autre député. "On écrit des notes et personne ne s'en rend compte". "On comprend ces frustrations", se défend l'équipe de campagne "mais on fait en sorte que chacun puisse participer à son niveau".